Littérature

Mai 2018

« La disparition de Stéphanie Mailer » de Joël Dicker (Editions De Fallois)

ET

« La vie princière » de Marc Pautrel » (Gallimard)

Qu’y a-t-il de commun entre ces deux romans ?

. Alors que l’un fait 640 pages l’autre n’en contient que 67.

. Chez Dicker 31 personnages principaux, sans compter les seconds rôles… chez Pautrel : 2 .

. 23 euros pour De Fallois, 10,50 pour Gallimard. Evidemment, et économiquement, la règle de 3 est favorable au premier ! Je dirais  que l’on n’en a pour son argent en terme de poids !

. Chez l’un une intrigue et une enquête policière pour résoudre la disparition de « Stéphanie » ; chez l’autre les pensées d’un seul homme pour évoquer un amour impossible où il n’y aura pas eu le début d’une intention amoureuse.

. L’un est du domaine des recettes pour faire du Best-seller de plage, l’autre est de la Littérature… cherchez lequel …une chance sur deux !

–         Quand je dis recettes je pense aussi à ficelles… ou procédé. Celui qui consiste à conduire X personnages, qui au départ n’ont rien à voir entre eux, vers un dénouement où Tout les rassemble ( Au cinéma Claude Lelouch le fait bien , avec talent ).

. Dans le «  pavé » c’est de la roche concassée au bulldozer et à la dynamite… du brut de décoffrage,

dans « l’opuscule », c’est un bijou ciselé et taillé par les meilleurs diamantaires d’Anvers.

Vous l’aurez compris

Qu’y a-t-il de commun entre ces deux romans ?

RIEN

Et pourtant, Dieu sait que j’avais « trop aimé trop » « La vérité sur l’affaire Harry Quebert » que j’avais encensé (voir fichier) .

Joël Dicker tombe de Charybde en Scylla ; déjà avec le «Livre des Baltimore » j’avais eu une petite déception, là, avec Majuscules, c’est LA déception !

Bon, allez, tout n’est pas aussi noir ! C’est quand même bien ficelé, même si la fin… ( Tout ça pour en arriver là !) m’a laissé sur ma faim.

Vous l’aurez aussi compris … j’ai choisi !

Et si vous lisiez les deux ?

–  L’un pour la plage un peu bruyante et l’autre dans le silence d’une soirée de cet été !

PS/ je vous recommande aussi  « Vers la beauté » de David Foenkinos qui, après « Charlotte », nous emmène dans une délicate histoire  d’Amour et de peinture (autour de Modigliani et Jeanne Hébuterne qui ne sont que des prétextes).

Février 2018

À propos de « La serpe » de Philippe Jaenada (Julliard) Prix fémina 2017

Pour Qui ?

Pour ceux qui aiment Pierre Bellemare et ses énigmes ou histoires criminelles ou extraordinaires .

Pour ceux qui ne loupent pas « Faites entrer l’accusé » que ce soit à la télé ou « dans le poste. »

Pour ceux qui pour rien au monde ne rateraient Jacques Pradel ses meurtres, ses coups de théâtre, les assassinats machiavéliques.

Pour les fans de Polar,  pour Agatha Christie et compagnie . Etc..etc.

ALORS, vous pourrez ouvrir ce gros bouquin (643 pages) qui reprend l’une des plus fameuses affaires criminelles de la deuxième moitié du XX e siécle.

D’AUTANT PLUS que le protagoniste et accusé principal,  Henri Girard, sera plus connu sous le nom de Georges Arnaud quand il deviendra écrivain très célèbre pour avoir écrit « Le salaire de la peur » adapté au cinéma par le pas moins célèbre titre éponyme avec Yves Montand et Charles Vanel.

70 ans après l’auteur REmène l’enquête sur les lieux du crime.

Le roman/récit se tient en deux parties : à charge et à décharge.

À la fin de la première, c’est sûr, nous sommes convaincus, Georges Arnaud est le monstrueux et machiavélique coupable .

À la fin de la deuxième, c’est sûr, nous sommes convaincus, il est innocent, et la victime d’une non moins monstrueuse erreur judiciaire.

À la fin… vous vous ferez votre idée !?

Il faut lire cette enquête 100 pages par 100 pages… pour rester dedans ! Je ne suis pas forcément le bon lecteur.

C’est passionnant, même si j’en aurais enlevé 150 ! L’auteur est souvent redondant sur les faits mais leur décorticage est sans doute obligatoirement nécessaire pour démonter dans la deuxième partie ce qui avait été tricoté dans la première.

Le style est à l’arrache… avec de l’humour. Ca convient aux faits divers.

………………………………………………….

MAINTENANT, de la petite histoire !

L’autre protagoniste vedette du livre est Maurice Garçon l’avocat d’Henri Girard. Il est selon beaucoup, et selon l’auteur, le plus grand avocat du XXe siècle ( sauf Dupond-Moretti pouvant regarder son fantôme dans les yeux p234). C’est La star du barreau ; il a du génie.

Il se trouve que Maurice Garçon est enterré à Meudon au cimetière de Trivaux à deux mètres de la tombe de mes grands- parents paternels. (1 photo en fichier prise après réfection de la tombe de ma famille ; on y voit la tombe « Grivelle »  qui est l’épouse de Me Garçon et le caveau de la famille.)

J’ai croisé sa fille un jour de Toussaint en échangeant quelques mots il y a une quinzaine d’années. Depuis la tombe n’est pas entretenue… sinon par un coup de brosse de ma part ! (Mais que fait l’Académie française ?).

Il se trouve qu’AUSSI, mes grands-parents habitaient à 100 mètres de la villa des Brillants où vivait Auguste Rodin… et qu’ils l’ont sûrement croisé. Rodin y est enterré avec sa femme à l’ombre d’un des exemplaires du Penseur ; le musée est aussi intéressant que celui de la rue de Varennes. La propriété n’a pas bougé, vous visiterez sa maison. C’est une belle idée de sortie dans des lieux et un quartier qui n’ont pas changé depuis le XIXe siècle.

Tout ceci pour dire comme Victor Hugo et en le paraphrasant : « que vous soyez puissants ou misérables…. »

Je vous laisse compléter avec vos mots.

Mars 2018  Cinéma

Hostiles

Hostiles qui était  en compétition aux Oscar est reparti bredouille ! ?

Sans remettre en cause les deux excellents primés principaux ( » Bilboard » et » La forme de l’eau » très bons tous les deux

Ici, avec HOSTILES  on ne boxe pas dans la même catégorie !

Car là, moi,  je vous le dis, je vous l’affirme, on est dans la catégorie Chef-d’oeuvre, et je suis toujours prudent pour ce vocable- là !

………………………….

A voir absolument en VO pour la voix de Christian Bale (et aussi beaucoup de parties de dialogues intimistes entre les personnages).

Trop long ici de dire tous les mérites du film quand celui-ci devient de l’Art, le 7 ième.

Assurément il entre dans mon Panthéon du top 20.

Quelques éléments :

Un Western ? Le rabaisser négligemment avec une moue dédaigneuse n’est pas de mise !

Et puis, il y avait tellement longtemps que l’on attendait un film du genre !

Car qu’importe, le lieu, l’époque et les costumes, les thèmes du film sont éternels : la vengeance, le pardon, la rédemption, les racines, la compréhension, les différences.

Les hommes deviennent sages sur la fin (de leurs vies et expériences) c’est tout leur drame !

Quand on est revenu de tout (et de la violence) y-a-t-il encore quelque chose à espérer ?

Là, ici, quand les haines ancestrales baignées des pires ignominies sont passées, reste-t-il un courant d’air sous la porte pour encore respirer et croire ? Révélation de ce que l’homme a de meilleur en lui.

Le film :

Action, émotion, réflexion (pas d’ordre)

Il est un modèle d’équilibre entre les scènes psychologiques et celles d’action . Pas le temps de s’ennuyer MALGRE  le pas des chevaux au pas, jamais en cavalcade au contraire de TOUS les autres films du genre.

Rien n’est surjoué, tout est juste. C’est réalisé sans effets superflus (un  beau ralenti pour la scène finale !? ).

Les scènes avec dialogues… sont silencieuses  (Ah que ça fait du bien l’absence de musique) et la BO (Waouh) est là quant il faut, juste quand il faut !

Tous les acteurs sont au top de ce qu’ils veulent faire passer.  Christian Bale marmoréen tout en retenue (un Batman dans tous ses rôles cad qu’il ne rate rien !) d’un signe de tête, d’un regard,  fait passer tous les sentiments . Le film aurait pu être muet.

Vous reconnaîtrez   « le méchant » indien du « Dernier des Mohicans », Wes Studi, ainsi que Rosamund Pike qui était l’héroïne de « Gone girl » (thriller glaçant) ; elle tient ici sa partition avec brio et gagne ses quartiers de noblesse de la gente des comédiennes américaines.

Tout est parfait : la lenteur assumée et ce fameux équilibre qui donne toute sa force au déroulement de l’action.

Alors !? Je pourrais vous en parler davantage tant il y aurait à dire !

Dans action, réflexion, émotion… celle-ci est à la fin ?.

Vous avez dit Chef- d’Oeuvre !?

OUI.

4 déc 2017

À propos de « Les Bourgeois » d’Alice Ferney  (Actes sud)

L’écrivain ( e )  se faisait attendre depuis près de 4 ans auprès de ses lecteurs/trices.

Ce n’était pas vain… et nous avons de la veine !  (Oui, je sais, c’est facile).

Est-ce un roman ?

Est-ce un essai et une réflexion, ( au travers du regard d’une famille sur 3 générations), pour revisiter quelques grandes périodes de l’Histoire du XXe siècle ?

Ce sont les deux ! Et chacun trouvera dans son genre préféré de quoi faire son miel ; et si vous êtes amateurs des deux cela sera de la « Gelée Royale ».

L’ouvrage est ambitieux :

Comme dans ses ouvrages précédents, on retrouve ce qui fait le talent d’Alice Ferney, sa marque, son originalité : il y a souvent un fond qui nous apprend, OU nous rappelle, ET, en même temps, nous fait réfléchir :

. ce sera « l’écologie et la beauté menacée du monde » dans son précédent livre « Le règne du vivant »;

. ce sera 14/18 pour « Dans la guerre »

. ce sera une compréhension différente du « règne » du Général de Gaulle,  particulièrement sur les causes et les conséquences de l’attentat du Petit-Clamart, et de ses positions « évolutives et contradictoires » pendant la guerre d’Algérie (« Passé sous silence »)

. Ailleurs, elle excellera dans les rapports psychologiques du couple et des rapports d’amitié : l’Amour et le sentiment amoureux découpés au scalpel : « La conversation amoureuse ».

Ici, dans Les Bourgeois (un nom de famille, et non pas le corps social… quoique !), ce sera :

. le passage du temps, sa fuite inexorable ; ceux qui arrivent, ceux qui partent ; le sens a donner à sa vie ; la mort

. l’évolution progressive des mœurs, avant, entre, pendant, et après les deux conflits :

la condition et la place des femmes dans cette Histoire du XXe siècle ; de manière générale et particulière de leur rapport à la gente masculine

. l’éducation des enfants, le sens de la famille, celui de l’honneur, la place de chacun, les conventions, le déterminisme de naissance ; le bien, le mal, la nature humaine.

. l’art de dresser des portraits :  ex : Claude p185/86

Pour ce faire, le récit se fait sous forme d’un journal qui va de 1869 à 2016 avec la voix OFF d’un des membres de la fratrie qui commente toute l’histoire de la famille Bourgeois à travers les événements du XXe siècle.

On aura reconnu que cette voix est celle de d’Alice Ferney, de son regard avec le recul nécessaire à la lumière de 2016 ! Elle le pose en sociologue sur les petits et grands changements accélérés de ce XXe siècle sans juger, sans condamner … parce que il y avait : « La difficulté à l’époque de choisir, de juger ce qui se passait par ignorance de ce qui se passait. Il sera facile après la guerre de « condamner » Pétain. Beaucoup de français étaient « légitimistes »  p 136/140).

La famille Bourgeois « se mérite » : pour bien la suivre, et en faire partie, vous aurez peut-être besoin, au début, d’un crayon et d’un papier, car c’est une famille « très nombreuse ».

Une suggestion à l’auteure : pour la sortie en poche, présenter un arbre généalogique de la famille (comme par ex  Jean d’Ormesson dans « Le vent du soir »).

8 juillet 2015

A Propos de  « Une simple lettre d’amour » de Yann Moix   (Grasset)

Le précédent roman « Naissance » « pesait » 1141 pages.

Celui-ci 143.

Dans le premier il y parlait surtout de son enfance, de ses parents, il parlait de leur absence d’amour pour lui, ce qui était un doux euphémisme (relire ma note).

Dans ce roman (en est-il un ?) il y parle aussi d’absence d’amour , de la sienne quand dans un cynisme affiché il considère la femme comme un objet de consommation frénétique sexuelle. MAIS il dit aussi l’Amour avec un Grand A , celui de la passion, de la jalousie, des larmes, de la souffrance d’être quitté. Vouloir mourir.

Le parallèle que je fais entre ces deux livres c’est leur convergence ! ! Qui nous dit que deux parallèles ne se rejoignent pas ? Qui a vérifié au bout du bout qu’au-delà de la voie lactée elles ne se rapprochent pas !?

Moix n’est pas un cynique, c’est au contraire un grand romantique blessé par son enfance traumatisée. Que nous dit-il si on a lu ses deux livres à la suite, si on lit entre les lignes des deux parallèles ?

Il nous dit qu’on ne guérit pas de son enfance. On n’en guérit pas quand elle a été trop heureuse, car rien  ne sera mieux après sinon que d’avoir le fol espoir d’en retrouver parfois quelques éclairs, et on n’en guérit pas non plus dans son contraire, car elle laisse des traces indélébiles d’un manque  et de ses séquelles… qui font qu’on est inapte au Bonheur, du moins à une certaine tranquillité de la vie.

Ca pourrait paraître sombre, violent (dans ce cynisme qui n’est qu’une façade pour se défendre) Ca choquera certains car il fait dans la provocation voire l’excès, MAIS pour qui aura connu les affres de l’Amour passion, qui ne se reconnaîtra pas dans cette longue lettre d’Amour ravageur ?

Les 3 dernières pages le pardonneront totalement aux yeux de ceux qui l’auront condamné (les femmes ?)  de ses propos  volontairement promacho : « Pour le sexe, je préférais la présence des femmes ; pour le sentiment, je préférais leur absence. »

Les 3 dernières pages l’absolvent.

Elles sont la clé.

Elles nous ramènent à l’enfance, aux blessures.

Un style unique, des formules qui sont des bijoux.

Une intelligence.

J’adore Yann Moix vous l’aurez compris, et je me réjouis de son arrivée dans « On n’est pas couché » chez Ruquier ; ça va pétiller d’esprit, ça va déménager, car si je le crois bienveillant il aura la dent dure et le commentaire qui tue pour ceux qui ne méritent pas…  leur supposé talent médiatisé, et ce quelle que soit la discipline (je pense par ex à l’invité politique ).

22 mars 2015

A propos de « Le livre de Dina » de Herbjorg Wassmo ( 3 tomes chez 10/18)

A la page 189 du tome 3, Léo le russe dit :

« Tu ressembles à une rivière sauvage Dina ! »

De l’ enfance à la femme, on ne saurait mieux résumer le caractère de Dina !

S’il est libre Max, on pourrait en dire tout autant de Dina… Un destin dans la moitié du XIX e siècle… du nord de la Norvège !

Qui avant les premières féministes ? Qui avant  quelques rares héroïnes s’affranchissant du « joug » de la domination masculine ? Qui avant Georges Sand, Simone de Beauvoir ? … DINA. Elle a 150 ans d’avance !

Du début à la fin des  3 tomes,  Dina n’est sous aucune influence, même pas la sienne qui pourrait la porter  à plus de mansuétude, d’empathie, de faiblesse… envers Elle… et les autres .

Dina est une rebElle, elle n’a aucune faille apparente…  mais Elle en a plein !?

Elle domine : les hommes, les femmes, jeunes ou vieux , les chevaux . Un violoncelle entre les cuisses et des chiffres dans la tête, Elle veut comprendre, Elle veut apprendre.

Elle laisse sur sa route du désemparement, des cicatrices indélébiles. Elle fait des morts, Elle parle aux morts.

C’est « Le monde selon Dina » . Il n’y a pas loin à celui de Garp ( lire John Irving) et de sa mère : une pionnière, une femme libre.

Elle est fière, Elle est sauvage, Elle assure, Elle assume. Elle n’est que fièvre.

Quand Elle dit, on obéit, on se soumet.

Elle impose, Elle commande,  Elle ordonne et tout le monde fait…. personne ne moufte.

Elle se fait craindre par ses silences, sa parole, ses cris gutturaux même quand Elle est muette.

Elle ne donne jamais totalement même quand Elle donne, même quand Elle se donne.

Elle prend : les âmes, les cœurs, les corps.

Et à la fin  toutes/ tous diraient presque merci ! Soumission chérie.

C’ est une âme forte et un corps ardent ; Elle est sans rivale (aux).

Elle rend fou, c’est une femme fatale, il en existe.

Maîtresse femme, femme maîtresse

Comment ne  pas être fou de Dina ?

Si vous avez la réponse, faites-le moi savoir !

Elle.

Avec une Majuscule.

Pour le reste : l’histoire, le rythme, le style, c’est tout à l’avenant.

Une découverte .

PS / un film avec Depardieu est sorti en 2003… aucun souvenir !

Ca donne envie de voir…  mais peut-être ne faut-il pas ! ? De peur d’être déçu.

24 février 2015

A propos de  « Le bruit des autres »  d’Amy Grace Loyd

Il est des premiers romans, comme des premiers films… comme de chacune des premières fois ! Ca peut être raté à ne plus vouloir recommencer, ça peut être du genre peut mieux faire  et vouloir vérifier, et ça peut être le début d’une addiction ou d’un goût prononcé d’un « revenez-y » que même on y va les yeux fermés !

J’y retournerai…

« Le bruit des autres », nous le connaissons tous, puisque « Les Autres » sont ce qui fait notre vie, et que leur bruit sera ce qui va influencer ou diriger notre existence, de 0h à minuit et 24h/24.

24 février 2015

A propos  de « Le règne du vivant » d’Alice Ferney  (actes sud)

Pour qui : pour tous ceux qui ont une fibre/sensibilité écologique au-dessus de la moyenne…. Ceux qui ont des enfants ! (donc ça fait beaucoup de monde ! (rire)

Le thème : le combat de quelques-uns (genre Greenpeace) contre la pêche industrielle et pour la protection des océans.

L’introduction est un coup de poing.

Dans ce roman l’expression « règne animal » en prend un coup ! « Règne » n’a plus sa place ou ne l’aura bientôt plus … c’est plutôt celui de l’homme : celui de l’homme cupide, de l’homme guidé par le gain et le profit immédiat qui massacre les océans et ceux qui la peuplent.

Non pas « l’homme » en tant qu’individu, mais en tant qu’entité responsable supra locale/nationale/ internationale (politique, économique, sociale).

Ces instances sont de mèche et corrompues pour se partager le pactole des ailerons de requins, la douce chair des baleines.

Les vrais prédateurs ne sont pas ceux qu’on croie !

MAIS si l’on voulait trouver une excuse « à cet homme- là (en général) l’avocat de la défense pourrait avancer comme circonstance atténuante qu’il faut bien nourrir la planète, qu’il faut bien faire tourner les économies locales, pour qu’au bout de la chaîne, par exemple, le pêcheur taïwanais ait un emploi et quelques subsides pour faire vivre et nourrir sa famille.

En face des harpons tueurs bourrés à l’explosif et des navires meurtriers qui exterminent à des fins mercantiles, un héros : Magnus Wallace, comme un chef de guerre !  Celui qui s’oppose, celui qui lutte.

Magnus est du genre sans peur et sans reproche sinon celui d’être trop pur ; il est du genre « Tout à gagner rien à perdre » puisque la cause à défendre est plus forte que les risques pris, plus forte que la peur de la mort.

Magnus, capitaine respecté et adoré comme une icône, est là pour protéger, mais surtout pour empêcher de tourner en rond, pour punir… et tout ceci dans la légalité face à ceux qui la bafouent impunément.

Les ennemis sont bien connus et ciblés… mais les collusions sont à tous les étages mêmes celles qu’on n’attend pas (ici, Noé) ; y’en a des qui ne sont pas francs du collier pour des motifs divers et variés … en qui l’on aurait vu des alliés…et qui sont des traîtres aux valeurs fondamentales de leur cause.

Le livre d’Alice est un réquisitoire, un plaidoyer, un cri d’alarme . Il est autant fait d’images  violentes et cruelles pour déranger que de poésie quand elle décrit la nature, l’océan, la beauté des baleines

A l’instar de Nicolas Hulot ou de Yann Arthus Bertrand qui nous alertent principalement avec des images, Alice Ferney le fait avec des mots. Ils sont tranchants, réfléchis,  intelligents. Elle pose beaucoup de questions au travers de ses points d’interrogations, mais dans chaque question sourd en même temps et de manière évidente la réponse naturelle et irréfutable.

Elle est irréfutable. Si nous voulons que dans l’avenir des temps nos enfants et nos petits-enfants soient fiers de nous sauvons s’il est encore temps la blancheur des neiges du Kilimandjaro, les derniers bébés phoques sur la banquise. Pour l’avenir, et pour qu’ils n’aient pas honte de nous,  que l’air sente encore bon la fougère et la violette, et pour qu’ils se souviennent de nous, prions pour que les cargos poubelles ne rendent un jour la mer qu’immense tâche d’huile couleur goudron et noir bitume

PS Pour ceux qui ne la connaîtraient pas encore  Alice Ferney est une fine analyste des sentiments et du couple (ex « La conversation amoureuse ». Elle  pourrait aussi se contenter d’écrire des romans « faciles » pour en faire des best-seller de plage ! Elle a cette exigence de ne pas répondre aux modes avec des sujets « exigeants et pas à la mode» : « ex « Passé sous silence ».

24 fév 2015

A propos du « Le chardonneret »   de  Donna Tartt

Prix Pulitzer 2014 ( l’équivalent du Goncourt aux USA)

824 pages… 1,100  kg

N’ayez pas peur ! La quantité = la qualité

Le roman est articulé autour de deux disparitions :  celle de la mère du héros, Théo, et celle d’un tableau d’un maître de la peinture hollandaise du 17 e siècle.

En fait ce dernier, « une sorte d’Arlésienne », EST la colonne vertébrale du livre.

Paradoxal que quelques plumes légères ou de transparence de glacis picturaux donnent tant de tant densité  à un récit. Force des mots et beauté de la littérature.

De New-york à Amsterdam en passant par Las Vegas, la vie de Théo, 13 ans à la mort de sa mère, et le tableau, un oiseau, sont les deux fils rouge de cet ample roman dont le thème principal est, selon moi, comment vivre après un traumatisme dévastateur (et là dans tous les sens du terme) OUcomment survivre ou comment s’en sort-on quand on est orphelin au sens propre comme au sens figuré.

De la difficulté de s’en remettre ou plutôt de ne jamais s’en remettre. Roman d’initiation à la vie.

La culpabilité, le (S) manque (S), la solitude, l’amitié ( beaucoup) l’Amour (un peu… mais intense … et sans sexe, ce qui devient singulier dans l’époque) le sens de la beauté ( la peinture, l’ ébénisterie) les addictions, viendront tour à tour ou en même temps se greffer à l’histoire de Théo et du  « chardonneret ».

Autour de Théo et des personnages principaux très étoffés,  bien d’autres sentiments font la richesse du livre  et sa profondeur. Il y a de la vie… ça vit tout l’temps. Malgré la légèreté quelquefois apparente (la vie adolescente de Théo)) toujours derrière il y a de la gravité . On sent que la solitude est toujours là . Guérira-t-il un jour Théo ?

La narration  entretient l’énigme du « chardonneret » et nous fait tourner les pages sans cesse… pour savoir !

L’auteur termine dans le dernier quart du livre comme dans un roman noir… et lève le mystère ?

Pour pouvoir comparer il faudrait maîtriser parfaitement la langue anglaise, MAIS Bravo, aussi, à la traductrice… c’est trop bien raconté écrit et décrit (scènes d’action ; psychologie des émotions et des sentiments).

Je ne vous en ai pas dit beaucoup… seulement juste assez pour vous donner envie de le lire.

N’allez pas sur les sites internetils nous disent souvent presque tout les sites internet ! Quelle mauvaise manie d’ailleurs de beaucoup de critiques professionnels (littérature, cinéma) de nous dévoiler les contenus ou la fin !

12 oct 2014

A propos de « Le bonheur national brut » de François Roux (679 p Albin Michel)

POUR QUI : ceux qui avaient l’âge de voter, ou pas, entre 18 et 25 ans en 1981, mais ce n’est pas un livre politique.

Plus largement, tous ceux et celles qui se retournent sur leur passé  en se posant la question : « ma vie a-t-elle été à la hauteur de ce que je pensais qu’elle serait dans mes rêves d’adolescent ou de jeune adulte. »

Le livre : le destin de 4 amis  pendant et à partir de cette  période (81 à 84) PUIS 25 ans après (de 2009 à 2012)… en quelque sorte… d’un François à un autre !

Mai 81, pour beaucoup, et notamment la jeunesse,  était une nouvelle porte qui était inaccessible depuis 1958, c’est-à-dire «  des valeurs de droite » au pouvoir.

C’était l’espoir de « changer LA vie », et l’espérance que tout serait possible. Comme en 68, c’est un bouillonnement, une sorte de révolution … sur Tout.

Les quatre amis :

L’un devient un député lambda en quête de reconnaissance, l’autre DRH d’ une multinationale ; Benoît sera photographe devenu mondialement connu, et enfin Paul qui préfère les garçons, un « apprenti comédien » sans réellement pouvoir accéder à la notoriété.

C’est dire que les sujets de la politique, de l’Art, de l’entreprise, et de l’évolution de la société sont développés à travers le vécu des personnages, de leur amitié, et de leur entourage (parents, amours, sentiments).

Le Bonheur national brut (BNB) est devenu une norme internationale (il y a un classement des pays) au même titre que le PNB. Cela pose une interrogation de fond : « de quelle richesse a-t-on le plus besoin dans le parcours d’une vie pour qu’elle soit réussie ? ».

Si la 1ère partie de la jeunesse des protagonistes est un peu lente,  elle est nécessaire pour poser les acteurs et mieux comprendre  la deuxième qui est passionnante : ce qu’ils sont devenus,  comment ils ont évolué de 84 à 2009, l’écart entre leurs aspirations et la réalité de maintenant .

Une sorte de comédie humaine.

Une des habiletés de la 1ère partie est la prophétie des 4 amis anticipant certains évènements qui devraient se passer plus tard… C’est drôle.

L’auteur est un habile psychologue à démonter et démontrer les profils des héros. Il nous les décrit dans leurs passions, leurs espérances, leurs désillusions. Les dialogues sonnent bien et vrais .

François Roux n’est pas dans les prix littéraires… bien que cela soit un baromètre de « qualité » ;  nous savons tous la relativité de ces récompenses quand il y a 650 romans nouveaux pour environ 35 prix (… certains sont dans plusieurs listes).

12 oct 2014

A propos de « Pétronille » d’ Amélie Nothomb  (Albin Michel 161 pages)

Pour QUI : pour les fans de la 1ère heure (Stupeurs et tremblements) qui veulent compléter leur « collec ». Il y en a beaucoup si l’on voit les ventes !

Que dire d’Amélie sinon, au risque de me répéter, ce que vous avez déjà lu l’an passé ?

L’argument de ce nième roman annuel (elle en a encore une bonne quarantaine si elle devient une vieille dame) est aussi léger que les bulles de Champagne qu’elle partage avec une de ses lectrices.

Une bulle du divin breuvage n’existe plus quand elle atteint la surface, une page d’ Amélie… aussi ! Lol

Si au moins seulement l’ensemble des bulles (161) nous tournaient la tête et nous mettaient en euphorie… ! Il n’y a rien , même pas le début d’ une certaine ivresse ; c’est juste de l’eau pétillante éventée… et on a quand même la gueule de bois !

La littérature comme un procédé tayloriste de production, où à la fin le tiroir caisse assure avec un produit bon marché (pourtant made in France) la rentabilité et la survie de l’entreprise Nothomb.

Bon, à part ça elle est éminemment sympathique !

12 oct 2014

A propos de « Et rien d’autre » de James Salter   (365 p Editions de l’Olivier)

Pour QUI :  … je ne sais pas !

Paraît-il que ce livre est acclamé dans le monde entier ! En France il a fait l’objet de papiers élogieux et de nombreuses interviews télévisées ; son roman serait parmi les plus vendus du moment.

Mon sentiment : James Salter aura 90 ans l’an prochain, il passe pour un des derniers grands romanciers américains de cette génération… Alors on s’attend à ce que ce livre nous épate, nous transporte… qu’il soit à la hauteur de la réputation de l’auteur et que les critiques soient encore en deça de la gourmandise attendue.

Le pitch : un homme jeune revient de la guerre du Pacifique, et on le suit jusqu’au milieu des années 80  au travers de sa vie professionnelle et surtout de ses amours (épouse, compagnes)

PAF, pétard mouillé !

Néanmoins  2 choses à retenir :

– Les 12 premières pages fortes  comme un débarquement à Omaha beach . C’est le début d’une gourmandise, le goût fort du chewing-gum dans les premiers instants ; et puis bien vite, alors que l’on s’attend à dîner dans un 3* au Michelin, on est dans un routier, « sympa », certes, mais où l’ assiette manque de condiments pour que le plat soit réussi… et qu’il faudrait appeler le chef pour lui dire de mieux  assaisonner  la prochaine fois.

– Les 10 dernières pages, émouvantes comme une leçon de sagesse une fois que la vie est presque passée.

Même si ça se lit sans ennui, au milieu restent 341 pages !

Sauf le respect que l’on doit à son âge.. on a envie de lui dire.. à James Salter : « C’est un peu court jeune homme ! »  ET au chef cuistot : « l’entrée et le dessert sont parfaits »…. il en ferait lui-même la déduction pour le reste !

L’auteur fait une tournée mondiale comme le  « World tour » d’une Rock star, comme la promo obligée d’un nouveau film sur les plateaux télévisés… pour donner « envie », pour booster les entrées.

Bravo aux hommes de communication et de marketing !

11 sept 2014

A propos de « L’amour et les forêts » de Eric Reinhardt  (Gallimard)

Ce roman a une héroïne : Bénédicte Ombredanne (BO)

Rien que son patronyme en fait une sorte de princesse… mais pas de conte de fées ! Et le titre dans ce qu’il a d’évocation romantique, pourrait en faire une belle histoire à l’eau de rose !.

MAIS au contraire de « La belle au bois dormant » ou « Cendrillon » nous ne sommes pas dans Bisounours. Je ne vous en dis pas plus !

Et pourtant, BO rencontre son prince charmant… mais il y a un cygne noir !

Ce roman trouvera d’abord son lectorat chez les femmes dans ce qu’il a de sociologique et médiatique (les femmes victimes ou sous influence mentale d’un pervers narcissique ) MAIS PAS SEULEMENT … et en cela il trouvera aussi au travers des 3 personnages masculin (y compris l’auteur) son public.

D’une manière générale, il traite également du manque :

Celui d’une vie rêvée (dans le sentiment amoureux), celle que l’on a n’étant jamais assez bien.

Celui de l’Amour absolu, unique et éternel ou qui le devient… d’où le désir d’échappatoire de BO qui brave tous les interdits moraux et physiques dans un sorte de fuite urgente, corps et âme (attention : quelques pages interdites aux moins de 18 ans, mais pour mieux faire comprendre la détresse de BO).

L’autre fil rouge du livre est d’évoquer les rapports qui existent entre un artiste (écrivain, musicien etc…) et les gens qu’il touche grâce à son art. Ici, Eric Reinhardt se met en scène lui-même comme personnage (témoin, voix off ).

La  littérature est cet autre moyen pour BO de s’échapper du morne quotidien (et ceux qui aiment lire savent pourquoi !). C’est le départ de l’histoire qui construit  la colonne vertébrale du récit.

Ce roman est défendu par Marie-laure Delorme, brillante chroniqueuse du Journal du dimanche ET descendu par Etienne de Montety, non moins brillant, dans le Figaro littéraire ! ( mais aussi Bernard Pivot descend le roman d’ Emmanuel Carrère alors que d’autres l’encensent… allez comprendre !)

Il ne laisse pas indifférent. C’est son mérite, et c’est déjà beaucoup.

En route pour les prix ? A ce jour, il est dans la première liste du Goncourt !

PS : pourquoi, dans la masse de cette rentrée choisir de lire Eric Reinhardt ?… Parce que j ’avais beaucoup aimé « Le système Victoria » .

26 juillet 2014

A propos de « Comme un chant d’espérance » de Jean d’ Ormesson

( Edition Héloïse d’Ormesson )

Pour QUI :

1)      pour ceux qui ont peu ou pas lu les derniers ouvrages « philosophiques » de JO, autant dire depuis 1993 et « La douane de mer »

2)      pour ceux qui croient en Dieu… et ceux qui n’y croient pas

3)      pour les agnostiques qui sont au milieu, cad, beaucoup… et qui n’ont pas de religion sinon d’avoir un peu peur de la suite… d’avoir pas misé sur le bon cheval et d’être pas loin de l’enfer pour n’avoir pas crû !

4)       Pour ceux qui ont quelque chose entre les deux oreilles qui ressemble à une cervelle et qui se répètent chaque jour la célèbre maxime de Leibnitz «  Pourquoi y-a-t-il quelque chose à la place de RIEN »

Tout ça fait beaucoup de monde !

Si Jean d’Ormesson se répète (qui aime bien châtie bien : voir sur le site ma note du livre précédent « Un jour je m’en irai sans avoir tout dit »..) il le fait toujours avec le plus grand des talents .

Ceux qui auraient peur d’un langage et de concepts ardus et ésotériques n’ont rien à craindre :  son style et sa manière de raconter en font un pédagogue hors pair.

Toutes les questions des hommes depuis les premiers pourvus de pensée sont là.

Tous les mystères sont réunis : du mur de Planck (mais qu’y-avait-il avant le début du début du Big Bang et de la première étincelle ?) à qu’y a-t-il après la mort : le néant, le retour à rien… ou un recommencement…une éternité ?

Rien que les questions sont fascinantes…

Ouvrez, lisez, … aurez-vous vos propres réponses ?

Elles sont là « Comme un champ d’espérance S »

Peut-être !

13 juillet 2014

A propos  de « Le règne du vivant » d’Alice Ferney  (actes sud)

Pour qui : pour tous ceux qui ont une fibre/sensibilité écologique au-dessus de la moyenne…. Ceux qui ont des enfants ! (donc ça fait beaucoup de monde ! (rire)

Le thème : le combat de quelques-uns (genre Greenpeace) contre la pêche industrielle et pour la protection des océans.

L’introduction est un coup de poing.

Dans ce roman l’expression « règne animal » en prend un coup ! « Règne » n’a plus sa place ou ne l’aura plus bientôt … c’est plutôt celui de l’homme : celui de l’homme cupide, de l’homme guidé par le gain et le profit immédiat qui massacre les océans et ceux qui la peuplent.

Non pas « l’homme » en tant qu’individu, mais en tant qu’entité responsable supra locale/nationale/ internationale (politique, économique, sociale).

Ces instances sont de mèche et corrompues pour se partager le pactole des ailerons de requins, la douce chair des baleines.

Les vrais prédateurs ne sont pas ceux qu’on croie !

MAIS si l’on voulait trouver une excuse « à cet homme- là (en général) l’avocat de la défense pourrait avancer comme circonstance atténuante qu’il faut bien nourrir la planète, qu’il faut bien faire tourner les économies locales, pour qu’au bout de la chaîne, par exemple le pêcheur taïwanais, ait un emploi et quelques subsides pour faire vivre et nourrir sa famille.

En face des harpons tueurs bourrés à l’explosif et des navires meurtriers qui exterminent à des fins mercantiles, un héros : Magnus Wallace, comme un chef de guerre !  Celui qui s’oppose, celui qui lutte.

Magnus est du genre sans peur et sans reproche sinon celui d’être trop pur ; il est du genre « Tout à gagner rien à perdre » puisque la cause à défendre est plus forte que les risques pris, plus forte que la peur de la mort.

Magnus, capitaine respecté et adoré comme une icône, est là pour protéger, mais surtout pour empêcher de tourner en rond, pour punir… et tout ceci dans la légalité face à ceux qui la bafouent impunément.

Les ennemis sont bien connus et ciblés… mais les collusions sont à tous les étages mêmes celles qu’on n’attend pas (ici, Noé) ; y’en a des qui ne sont pas francs du collier pour des motifs divers et variés … en qui l’on aurait vu des alliés…et qui sont des traîtres aux valeurs fondamentales de leur cause.

Le livre d’Alice est un réquisitoire, un plaidoyer, un cri d’alarme . Il est autant fait d’images  violentes et cruelles pour déranger que de poésie quand elle décrit la nature, l’océan, la beauté des baleines

A l’instar de Nicolas Hulot ou de Yann Arthus Bertrand qui nous alertent principalement avec des images, Alice Ferney le fait avec des mots. Ils sont tranchants, réfléchis,  intelligents. Elle pose beaucoup de questions au travers de ses points d’interrogations, mais dans chaque question sourd en même temps et de manière évidente la réponse naturelle et irréfutable.

Elle est irréfutable. Si nous voulons que dans l’avenir des temps nos enfants et nos petits-enfants soient fiers de nous sauvons s’il est encore temps la blancheur des neiges du Kilimandjaro, les derniers bébés phoques sur la banquise. Pour l’avenir, et pour qu’ils n’aient pas honte de nous, que l’air sente encore bon la fougère et la violette, et pour qu’ils se souviennent de nous, prions pour que les cargos poubelles ne rendent un jour la mer qu’immense tâche d’huile couleur goudron et noir bitume.

PS : pour ceux qui ne la connaîtraient pas encore  Alice Ferney est une fine analyste des sentiments et du couple (ex « La conversation amoureuse ». Elle  pourrait aussi se contenter d’écrire des romans « faciles » pour en faire des best-seller de plage ! Elle a cette exigence de ne pas répondre aux modes avec des sujets « exigeants et pas à la mode» : « ex « Passé sous silence ».

11 mai 2014

A propos de « L’année du chat »  de Karine Miermont    Seuil  130 p

Pour qui ? Tous ceux qui ont eu  ont ou auront un chat (… un chien !)

C’est un premier livre… et c’est réussi.

La forme est le journal que tient l’auteure tout au long de la dernière année de son chat, à partir du moment où une boule est apparue sur le dos de Nina … Le chat « fille ».

C’est découpé en saisons, les quatre, puis en jours quand les signes et symptômes du mal de « Minou » se précisent.

Pas de sensiblerie excessive ni de pathos, seulement l’émotion forte des « maîtres » pour ce membre de la famille, et de l’importance des animaux de ces compagnons de vie… dans nos vies.

C’est bien rendu, bien disséqué, tant dans la description des attitudes et habitudes de Nina et des chats en général que dans les sentiments et pensées de Karine face à la maladie, la souffrance, la mort de « Mon chat »… le parallèle, avec nous les humains, est vite fait ! Il est fait en touches légères.

J’ai eu deux chats, deux amis… et peut-être un peu plus…

Je me suis TOUT reconnu dans le récit de Karine Miermont .

11 mai 2014

A propos de « Automobile club d’Egypte » d’Alaa El Aswany (Actes sud )

Si ce n’est pas « la Comédie humaine » ça y ressemble !

Derrière le noyau central d’ une famille égyptienne de la fin des années 40, qui est le fil rouge du roman, se trouvent toutes les faiblesses et grandeurs des sentiments et des passions.

Ils sont exacerbés par le contexte historique et politique de l’Egypte de cette époque, qui constitue le support et l’arrière-fond de cette chronique : soit la fin de règne de la monarchie d’alors, régime corrompu et paresseux sous domination britannique qui va laisser place aux revendications populaires et révolutionnaires du peuple sous l’égide de Nasser.

Le mélange des deux, fait la grandeur et/ou la décadence de tous les personnages du roman qui se laisse « dévorer » grâce aux changements de rythme donnés par la narration tantôt « neutre » tantôt à la première personne racontée par les principaux protagonistes.

On s’attache à chacun d’entre eux au travers de leurs émotions et des situations proposées.

Grandeur et servitude, ivresse du pouvoir et peur des représailles, maîtres et courtisans, lutte des classes, sont le ferment ou les intérêts des uns se heurtent aux convictions des autres, pour faire, en fin, un concentré ou l’amour, l’amitié, l’honneur, les valeurs (ou leur absence), nous font tourner les pages… pour savoir ce qui va arriver à chacun des « héros » .

La qualité des dialogues « qui sonnent vrai » et l’analyse des situations individuelles ou collectives ne sont pas les moindres qualités de ce roman qui se lit sans répit.

PS/ « peut-être qu’au début » ’un crayon et un papier sont nécessaires pour bien identifier les personnages.

15 janv 2014

A propos du  « Dictionnaire chic du cinéma » d’Eric Neuhoff ( éditeur,  « Ecriture » )

Pour QUI plus particulièrement ? Pour soi… pour faire un cadeau pour ceux ci-après…

Pour les cinéphiles, les fondus (enchainés) de cinéma, les cinéphages

Pour ceux qui disent « y’a encore rien ce soir à la télé ! »

L’adjectif chic dans le titre pourrait en dissuader quelques-uns d’acheter le livre en se disant : « c‘est un truc élitiste »

PAS DU TOUT !

Neuhoff, écrivain, critique de romans américains et ce qui nous intéresse là de cinéma (Le Figaro, Le cercle sur Canal) est le contraire d’un intellectuel qui se prend la tête en vous donnant mal à la vôtre.

Neuhoff, y’ parle pas de technique, de plans américains, de champs et de contrechamps… il s’en contrefout !

Neuhoff, il voit les films avec son cœur, avec ses émotions, avec ses tripes.

A la lumière de sa vision il vous donne envie de revoir les films que vous avez déjà vus et il vous donne envie de voir presque tous les autres sélectionnés dans son Panthéon.

Il n’aborde pas « que des films », il parle aussi de Cannes à C ,des pires palmes d’or à P, des plus belles scènes du cinéma à S etc etc … on ne se lasse jamais et on apprend ou l’on se souvient à toutes les pages.

Le style est enlevé en phrases courtes ; ses métaphores sont des bijoux . Souvent il vous fait le pitch, parle des acteurs, du metteur en scène… il vous parle des gens qui font les films… pas de la lumière et des travellings… et quand il aime vraiment… vous avez vraiment l’idée d’aller sur Amazon pour commander dare dare .

Il a des admirations et des coups de cœur récurrents (Robin Wright, Tilda Swinton… vieil adage du cinéma : « les actrices sont ce qui reste quand on a tout oublié)

… et un homme qui élève au rang de Chefs-d’œuvre « Mélancholia ou « The tree of life » ne peut pas être un mauvais conseilleur.

Y’ en a pour tous les goûts et je me suis retrouvé dans au moins 90% de ses goûts ! Bon d’accord ce n’est pas une référence ! (il y a aussi quelques coups de griffe)

Une bonne idée : celle en fin de livre d’avoir répertorié tous les noms cités et tous les films nommés… Ça facilite les choses « quand on pense qu’il n’y a rien à la télé »… sauf un film dans un coin de programme, répertorié par Eric Neuhoff !

24 nov 

Yann Moix   … suite et fin.

De la page 598 à 1143

Je m’étais trompé… Moix a eu le Renaudot ! Sûrement ma voix a-t-elle fait pencher la balance (rire)

La mort de Georges Lautner, hier, me fait poursuivre la fin de mon ressenti sur le livre de Yann Moix.

En effet, si Bernard Blier dans « Les tontons flingueurs » dynamite, disperse, et ventile, Moix, lui, foisonne, pullule, détaille et développe à profusion !

Sur QUOI ?

Ce n’est pas un inventaire à la Prévert (… et pourtant il y en a quelques-uns chez lui ! ) mais autant vous prévenir, par petites touches ou par grands paragraphes il vous parlera :

DE… la vie, la mort, l’amour, la douleur, la jalousie, la religion, la pornographie, l’académie Française , la beauté, la laideur, la guerre, la paix, la politique, la surpopulation, la ville d’Orléans, la canicule de 1976, courir après le temps, ses parents, croire ou pas, naître, mourir, 14/18, sexe,

DU… bonheur, désir érotique, passé, présent, futur, hasard des rencontres, et puis d’aimer et d’être aimé,

DES… seins des femmes, voyages organisés, dimanches , juifs,

VOUS CROISEREZ sur quelques lignes ou plusieurs pages :

Mozart, Georges Bataille, Marat, Duras, Yourcenar, Rimbaud, Mitterrand, Péguy, Dieu, Jésus, Faulkner, Vuitton (…les malles), Adolphe Bellot, Françoise Dorléac, Régine Crespin, Lucie et Jean Aubrac, Darwin, Jaurès, les Beatles… et puis de Frantz-André Burguet, Jean-Claude Fasquelle et Jean Cavaillès !

Je dois en oublier !

Vous prendrez avec lui des leçons d’argot, de nouage de cravates ; vous assisterez à des ventes aux enchères, saurez tout sur : la collection « Que sais-je », la côte de bœuf, les 100 livres à lire, les 100 films à voir, les 100 disques à posséder, les 100 œuvres d’Art à découvrir  et vous apprendrez pendant 10 pages à écrire en alexandrins.

Il vous parlera du « métier » d’écrivain, de la difficulté d’écrire, du monde moderne, de la dictature de la technique, du progrès, de la désocialisation… chacun dans son coin avec sa solitude.

Et à la fin… dans les dernières pages, il se posera la même question que Jean d’Ormesson mais d’une autre façon,  avec la différence fondamentale que JO est un écrivain du bonheur …

Oui, est-ce que la vie et ses petits plaisirs, la vie et ses grandes souffrances possibles,

… Oui, la vie vaut-elle de naître ou de ne pas naître…  » That is the question » ?

Pour JO, je sais

Pour YM j’en suis moins sûr

Dans tous les cas Yann MOIX est hors normesss… sur le fond et sur la forme… et page 947 il nous dit ce que sera son nouveau roman : une informe chose !

31 oct 2013

A propos de  « Viva la vida » de Pino Caccucci   éditions Christian Bourgois

Pour QUI ? Pour ceux qui sont allés à Mexico, les amoureux de la peinture,… et bien sûr des livres… Enfin… Vous TOUS QUOI !

Si Yann Moix avec « Naissance » fait 1143 pages et ,1317 kg, ce livre qui pourrait avoir comme sous-titre « Dans la peau de Frida Khalo » fait 62 pages et 150 grammes !

En effet, l’auteur s’est mis dans la peau de cette femme/ peintre/mexicaine( icône de la peinture mondiale et vénérée dans son pays) au crépuscule de sa vie.

C’est donc un monologue ou le JE de Frida raconte les souvenirs prégnants de sa vie d’exception :

– son accident, sa poliomyélite, ses fausses-couches… et ses souffrances physiques,

– son amour pour Diégo Rivéra (autre personnage essentiel du livre et + grand peintre muraliste du Mexique) et les souffrances pychologiques qu’il entraîne.

– son œuvre de peintre

– ses amitiés (Trotsky), ses amours…

Au long de ce monologue (p 9 à 47), je me disais que ça méritait une expression théâtrale tant le récit /monologue sonne vrai dans un langage à la fois fluide et élégant . L’auteur nous fait savoir (seconde partie du livre p 51 à 71) que l’idée… a été déjà été réalisée en 2009 fascinant le public !

Pour apprécier ce bouquin, il faudra connaître ou se renseigner « un peu » sur la vie de Frida (voir le net ainsi qu’une excellente biographie dans le livre de poche) dont la vie est un roman à lui tout seul et qui serait passionnant sans qu’elle ait été peintre.

Elle fait partie de ces personnages dont la légende est devenue plus grande que la réalité ( ex : Modigliani, Van Gogh, Toulouse- Lautrec ), et dont cette réalité nous dirait «  c’est pas possible, c’est de la fiction ! »

Pour ceux pas très loin où qui viendront à Paris, HASARD HEUREUX : le musée de l’Orangerie à Paris présente jusqu’ au 14 janvier une centaine de ses toiles .

22 oct 2013 … 5 livres…

A propos de « Naissance » de Yann Moix     Grasset

1143 pages 1,317 kg ! C’est du lourd… dans tous les sens du terme !

Point de passage à la page 598

Pour ceux qui ne connaissent pas l’écrivain, il est l’auteur, entre autres, de « Podium » et du film du même nom, de «  Panthéon » et d’ « Anissa Corto » un sublime roman d’Amour (c’est mon opinion bien sûr ! )

La question est : Yann Moix est-il (ou devient-il ou sera-t-il) le plus grand écrivain contemporain vivant à moitié des XXe et XXIe siècles ? de la taille de Proust ou Céline ? Et avec ce livre n’atteint-il pas son GRAAL ( comme d’autres « La recherche » comme d’autres « Le voyage » ?)

Question subsidiaire ou objet de débats : à quoi reconnaît-on un SUPER Grand Ecrivain ?

Eléments de réponse (la mienne.. lol ) :

– Vous n’avez jamais lu ça nulle part ! Je veux dire la forme, le fond !. C’est foutraque, ça part dans tous les sens, mais bien sûr il y a une unité ! On est loin, très loin, des 80 % de la production littéraire qui a comme sujet son nombril * OU ceux récurrents du carré d’or de la littérature : mari/ femme/ maîtresse/ amant .

C’est aussi un paradoxe car il parle lui, de ce qu’il pense, de ce qu’il croit !

– Un nouveau langage ou manière ou style, de concrétiser sa pensée dans un écrit que vous n’avez jamais lu ailleurs et qui n’est ni de la cuistrerie ni la volonté de faire original pour être « dans l’époque ou plaire à la critique ». Et en cela il ne caresse pas dans le sens du poil sinon, il ferait des choses « plus faciles »

– Des thèmes qui sortent des sentiers battus ou alors l’angle sous lequel ils sont vus

– des descriptions ou des suites de mots rongés jusqu’à la moelle pour épuiser l’idée qui les sous-tend ex : tous les morts de tous les temps qui … s’abattent en pluie sur la terre ; Fernandel !?

– Il nous fait réfléchir Moix, et l’on se retrouvera ou l’on découvrira des choses cachées en nous … que l’on se cachait de peur d’affronter la terrible vérité de la vie et du sens de l’existence (ex : p 554 à 572)

C’est drôle, parfois très drôle, c’est tragique, mais pas tant que ça ( il y a du Céline dans Moix ).

Bon, je vous le concède, il y a des pages (pas beaucoup) où ils nous égare sur des chemins pleins de points ???.

Ca se lit MAIS ça se DIT comme pourrait le faire un Fabrice Luchini sur scène (ça me donne une idée !rires) et là ça prend toute sa puissance (essayez donc les pages ci-dessus).

ATTENTION c’est du lourd…c’est plus exigeant que d’habitude, je vous aurai prévenus ! C’est peut-être ça qu’on appelle la Littérature !

Et si vous avez un peu peur, commencez par Anissa Corto pour vous mettre l’eau à la bouche !

Moix est nommé pour TOUS les prix littéraires… et peut-être n’en aura-t-il aucun (trop ambitieux… pas assez commercial !) mais moi je sais déjà pour qui je vote …

A bientôt pour la fin…

A propos de  » Moment d’un couple » de Nelly Alard    Gallimard

Dans le Journal du dimanche Bernard Pivot en a dit quelque bien soulignant la particularité de ce roman qui est une histoire d’adultère dont le fil conducteur /narrateur EST la relation ELECTRONIQUE (ce n’est pas une nouveauté, mais dans ce roman le téléphone portable, les SMS et les e-mails SONT la justification ou l’intérêt que l’on peut avoir pour ce livre).

Ces termes ne sont pas suggérés dans les dialogues entre les protagonistes … ils sont nommés desdizaines de fois :

– « Olivier éteignit son portable…etc

– « Il avait aussi un SMS lui demandant à nouveau de la rappeler » etc..

– « Juliette reposa son portable sur la table » etc..

– « Il alluma son portable et trouva un SMS de V. (Oui, parce que la maîtresse n’est –aussi- nommée que par une lettre !)

etc etc etc etc..

SINON… QUOI ?

Un thème classique : femme, mari, maîtresse. Cette dernière, ne se résolvant pas à une rupture, harcèle le couple en constituant une menace psychologique permanente au travers de ses différents SMS et e-mails.

Un milieu bobo (l’épouse et le mari attachés de presse, la maîtresse élue politique en devenir), avec des relations amoureuses mâtinées de compréhension post-soixante-huit-ardes ( l’épouse a eu quand même « une trentaine d’amants avant de se marier ! » )

Le + du livre :

le rythme ( au travers des dialogues, des paragraphes souvent de quelques lignes)

Le petit point faible : une psychologie des personnages pas assez fouillée par rapport aux situations proposées ; un suspense insuffisant quant aux intentions de la maîtresse qui aurait pu devenir le personnage à « foutre la trousse », et qui aurait fait de ce roman un objet brûlant… au lieu d’eau tiède.

PS / aux dernières rumeurs, Victoire, la maîtresse, serait Aurélie Fillippeti la ministre de la culture !

A propos de « Au revoir là-haut » de Pierre Lemaitre    Albin Michel

C’est d’abord l’histoire de deux hommes et de leur extraordinaire amitié, qui ne se paye pas de mots ?? ; ils se sont sauvés l’un l’autre dans l’enfer de 14/18 ; de manière physique et de manière morale, l’un grâce à l’autre et inversement . Tout les rapproche, tout les sépare.

Avant la guerre tout aurait pu les séparer et rien ne jamais ne les rapprocher : leurs conditions sociales, leurs caractères, leurs origines.

Après la guerre (et en fonction de l’évènement qui en auront fait des frères siamois de combat et qui est la trame de fer barbelé de ce roman) ces deux là ne seront plus jamais les mêmes au sens propre et au sens figuré.

Tout se tient alors dans le scénario proposé qui mêle : le hasard,  la vengeance, la politique, la cupidité, l’argent, le pouvoir, l’ambition…l’usurpation dans tous les sens du terme !

C’est habilement mené et rythmiquement harmonieux dans le déroulé.

Pierre Lemaitre, précédemment auteur de romans policiers, sait nous tenir en haleine jusqu’aux dernières pages pour une fin « cinématographique » qui ne pouvait être que celle-là pour chacun des deux héros, même si « la pure morale » prend un léger coup de canif !?…

… Car il s’agit quand même de l’histoire d’une arnaque !

Mais on leur pardonne tout à nos deux héros, et vous leur pardonnerez aussi car nous aurions peut-être fait comme eux… et peut-être pire !

Car tous ces hommes (soldats/poilus/ conscrits/ enrôlés) embarqués dans la folie furieuse et mégalomane d’autres hommes va-t-en guerre, ont tous des circonstances très atténuantes de leurs actes.

On en parle beaucoup pour les prix 2013.

A propos de « La nostalgie heureuse »  d’Amélie Nothomb   Albin Michel

Elle n’a plus rien à raconter Amélie qu’elle nous raconte ses souvenirs d’enfance et d’adolescence ?

Il faut dire qu’avec un livre par an depuis plus de vingt ans (150 pages chaque fois, pas plus) on peut être à court d’idées OU DU MOINS d’être sous cette forme de pression ( celle qu’elle se met elle-même) d’avoir une sorte d’obligation à SORTIR son opus chaque année.

Ca tient du procédé… un objectif annuel coûte que coûte, comme celui d’une société tenue de sortir son bilan !

Comme un journal intime à rebours, c’est en fait ce que nous pourrions tous écrire de la nostalgie de notre propre passé.

C’est léger léger sur le fond, pour ne pas rajouter abyssal, et ses souvenirs à ELLE, on s’en moque un peu, ça ne nous intéresse pas.

Nous pourrions tous écrire les nôtres, je suis sûr que ce serait souvent plus passionnant !

Je connais même des fans fous/ furieux qu’ont toute la collec… et déçus… c’est dire !

A propos de « Je m’en irai sans avoir tout dit » de Jean d’Ormesson   Albin Michel

Elle a raison Marie ( la femme de sa vie) ! : « Jean tu te répètes,  tu écris toujours le même livre ! »

Je suis d’accord avec Marie ! Trop c’est trop même si je suis un grand admirateur et inconditionnel de JO  pour en avoir fait mon auteur préféré et de référence.

C’est le livre de trop dans cette veine commencée il y a 20 ans avec « La Douane de mer » qui s’appuie sur des références historiques et géographiques pour parler à la fois du temps qui passe, de la mort, de l’amour, du mystère de la vie et de la création… de son enfance et de sa famille.

Peut-être sans doute parce que je les ai tous lus !

On retrouve en presque copier/coller tous ces thèmes qui lui sont chers… dits avec quelques tournures de phrases à peine différentes. Même si l’on dit qu’un véritable écrivain écrit toujours le même livre (une unité dans l’œuvre )…

Là, ce livre est superfétatoire SAUF pour ceux qui l’ont peu ou pas lu… et là ce sera du Bonheur pour eux.

Moi, je crois qu’il nous a tout dit Jean… de ce qu’il voulait nous dire !

A quand un remake de « Le bonheur à San Miniato » ou « Le vent du soir » ?

Ne  t’en va pas Jean, mais dis-nous autre chose !

20/02/2013

A propos de «  La vérité sur l‘Affaire Harry Quebert » de Joël Dicker

Editions de Fallois ; Grand prix de l’Académie française ; prix Goncourt des lycéens

Ah quel beau roman, du début à la fin,

Ah quel roman passionnant de la première à la dernière page… oui, la dernière page,  et même sur les fesses dans les toutes dernières lignes de la 664e !

En haleine à tous les chapitres et jusqu’au bout du bout je vous dis !

De rebondissements en coups de théâtre le récit est sous contrôle ; tout s’enchaîne implacablement, il n’y a pas de lapin dans le chapeau, tout est logique.

Dicker nous surprend dès le départ d’un uppercut et nous assène toute la gamme des coups : directs, crochets, sans nous laisser respirer ; on est KO debout saoulé de coups mais on aime ça : c’est quand ça fait mal que ça fait du bien !  C’est  15 rounds à fond mais on en r’demande…

Son récit d’un fait divers sous forme d’énigme policière (mais ce n’est pas un polar) est d’une construction sans faille pour nous pousser à la page d’après, au chapitre suivant ; il ne nous laisse pas respirer ; des petits cailloux il en laisse partout Dicker, y compris sur des chemins de traverse, des fausses pistes. Rien n’est gagné d’avance, on avance, on recule, la vérité est délivrée au compte gouttes…  et Hitchcock, à côté, est un enfant de cœur !

C’est en flash-back d’une année à une autre, d’un jour au suivant, d’heure en heure. Pas de descriptions, pas de temps morts, les dialogues rythment l’action et l’action nous met dans la peau des personnages : leurs espoirs, leurs failles, leurs sentiments, leurs défaites.

C’est une grande histoire d’Amour et une aussi belle d’Amitié

Vous en dire plus sur Nola, Harry et Marcus (entre autres)… NON !

Ca se déguste ? OUI

Ca se dévore ? AUSSI.

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Dans la série des « dictionnaires amoureux » je vous recommande celui du « rugby »  de Daniel Herrero. A offrir pour les fêtes et pour des amoureux de ce sport ; un régal

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20/11/2012

A propos de la première défaite  de Santiago H. Amigorena (Editions POL)

Le thème :

« La première défaite » c’est son premier grand chagrin d’amour, celui qu’il portait à Philippine Leroy- Beaulieu (Trois hommes et un couffin)

Je m’étais laissé influencé par un bon papier du Journal du Dimanche (l’excellente critique   de Marie-Laure Delorme *)

Et à la fin, histoire de dire …

632 pages… et je vais m’arrêter à la…201 . Ce n’est pas dans les habitudes de « ma » maison mais je n’en puis plus !

Habituellement, dans un ouvrage,   quelque chose m’accroche pour toujours aller plus loin, pour découvrir une aiguille en or dans une botte de foin au départ trop grosse pour elle !

Mais là, Non ! J’ai été un juré attentif au style ( ok Proust n’est pas loin, mais manque de limpidité) au fond (manque de profondeur) au propos ( tourné essentiellement sur son moi répétitif, et comme un carnet de route du cœur, un journal intime de son passé entre voyages  sur la carte du tendre et ceux réels dans son pays d’origine, l’Argentine.)

Ses histoires d’amitié ne nous intéressent pas et ses affres intérieures… non plus. Si certains s’écoutent parler, lui se regarde écrire.

Les romans du sentiment amoureux sont truffés de chefs- d’œuvre … peut-être… les 431 pages suivantes sont-elles une mine d’aiguilles en or…  et que Philippine méritait mieux que mon absence de patience,  et que l’écrivain mérite mieux que mon indifférence.

PS :  Malgré une  bonne critique MLD dit quand même notamment : «  650 pages de ressassement nombriliste » « il fait des phrases et des phrases »  « il se complaît dans une douleur égotique »

11/11/2012

A propos de  « ECRITURE  mémoires d’un métier » de Stephen King Livre de poche N° 15145

Ce  n’est pas là la littérature habituelle de SK  et ses amateurs n’y trouveront pas  les ingrédients habituels qu’ils recherchent chez un des maîtres de l’horreur ou de la fiction.

Non, c’est un essai, d’après sa propre expérience, de donner, non pas des conseils mais des pistes pour ceux qui aimeraient écrire, ceux qui en ont toujours rêvé et qui n’osent pas… Des écrivains potentiels dans des herbes de… 7 à 77 ans.

Point de cours magistral, point non plus de règles absolues, point de « il faut que ». Non, une sorte de conversation où il s’adresse à nous comme si nous étions son seul auditeur de conférences.

Il nous donne non pas ses recettes mais, selon lui (et le bougre sait de quoi il parle !) les quelques grands principes élémentaires pour tenir un récit et d’éviter les chausse-trappes, les pièges à  ne pas tomber d’dans ! … d’une certaine façon à moins stresser devant la page blanche.

Pas de technique rébarbative, pas de règles de grammaire… (attention aux adverbes quand même.. rire) mais une Ligne verte à suivre (ah ah ah) de laquelle  il faudrait rester proche.

Tout comme il n’y a pas de recette pour faire une chanson tube paroles et musique ( ça se saurait !), s’il y avait un procédé technique pour concevoir un Best-seller, ça se saurait aussi !

Des écrivains qui ont écrit des romans magiques à l’instinct et au talent pur de savoir raconter et ordonnancer les mots sans  passer par des ateliers d’écritures, il y en a beaucoup, et cela doit nous rassurer, et cela nous rassure.

Ca se lit sans décrocher, et on a l’impression que de la même manière qu’après avoir vu à la télé un match Federer/Nadal on a envie d’aller tout de suite sur un cours et qu’on est sûr qu’on va mieux jouer… de la même façon on est persuadé que dès SK fermé on va mieux écrire, être plus passionnant à lire pour un LI (lire le livre hi hi hi) ou qu’on va tout de suite avoir un contrat chez un éditeur … enfin presque !

Pour QUI ? Pour tous ceux qui ont quelque chose à raconter, et qui voudraient bien, et qu’osent pas… oui car chez ces gens là M’sieur … ( … un autre exemple de « savoir » écrire et raconter l’essentiel…en 2’ 35’’ !)

A chacun sa suite… votre livre commence peut-être là !

Bonne lecture… et bonne écriture.

11/11/2012

A propos de « Ceci n’est pas une autobiographie de Daniel Filipacchi » Edition Bernard Fixot

Effectivement, ce n’est pas une autobiographie !

Daniel Filipacchi décrit succinctement sans s’attarder quelques passages de sa vie ( enfance, adolescence) etc…  Il écrit dans un langage parlé… et c’est donc facile à lire d’autant que c’est découpé en chapitre de 4 à 5 pages maxi .

Ceux (comme moi) qui pensait que la belle part serait faite à la période « Salut les copains », l’émission de radio d’Europe N° 1 et le magazine, en seront pour leurs frais et seront sans doute déçus .

En effet quasiment rien sur les « idoles » de l’époque ! Pas d’anecdotes, pas de révélations, pas de souvenirs à se mettre sous la dent comme des madeleines de Proust ! Et pourtant, aux premières loges il aurait pu faire un dictionnaire amoureux de cette période d’animateur de radio comme l’a fait Antoine de Caunes avec beaucoup de talent ; une sorte de travail d’entomologiste !

Vous n’en trouverez pas plus sur « l’histoire » musicale de cette période qui constitue, en elle-même, un sujet sociologique de première importance dans la révolution comportementale des adolescents et des jeunes adultes d’alors qui mènera à mai 68, et dont la musique fait partie intégrante.

En fait DF parle plutôt de son côté homme d’affaires comme patron d’empire de presse, comme spécialiste et amoureux de jazz, et de sa passion pour la peinture comme collectionneur.

Il nous fait croiser alors des dizaines de personnages que beaucoup ne connaîtront pas, ce qui en limite l’intérêt… pour beaucoup de lecteurs !

Ses deux derniers mots sont (à suivre)… donc on attend peut-être ce dont je parle plus haut… un témoin historique d’un magazine et d’une émission « cultes » pour toute une génération… et demi !

11/11/2012

A propos de « Ce qu’il advint du sauvage blanc » de François Garde

Prix Goncourt  du premier roman 2012

François Garde a 53 ans, est haut fonctionnaire, diplômé de l’ENA… et il écrit un premier roman !

Je trouve pour le moins singulier que le jury Goncourt ait élu ce postulant !

Bon je sais ce n’est pas un critère de lier l’âge et « premier » roman… car quel âge faudrait-il  ne pas dépasser pour rester dans cette catégorie ?! Donc Mea culpa… mais quand même (rire)

Non pas que François Garde n’ait pas de talent, mais si la valeur n’attend pas le nombre des années, le nombre des années n’est pas forcément un garant de valeur… non plus !

Ce n’est pas le cas ici car la langue est là (heureusement compte tenu du cursus) et notamment dans les chapitres « écrits » par celui qui s’occupera du « sauvage » à son retour en France et qui  devra rendre compte aux autorités administratives du suivi de la réinsertion ; c’est une littérature épistolaire… d’administration !

Les autres chapitres sont ceux « racontés » par le « sauvage », de son abandon sur une île, de sa vie avec une tribu adoptive, et de son retour au monde « blanc » 17 ans après.

Le procédé de l’alternance narrative est celui appliqué.

Le point faible de ce livre est d’une part qu’il traite d’un sujet évoqué déjà souvent dans le passé : Robinson Crusoé, Tarzan, Gaspard Hauser : l’abandonné qui survit, s’adapte à un nouveau milieu,  l’ apprentissage d’un nouveau monde, d’un nouvel environnement… PUIS à nouveau de l ancien, avec à nouveau le déracinement, le choc et la comparaison des cultures  ( et la question qui se pose : le progrès est-il « un progrès » ?)

Bien qu’il est dit que ce roman est tiré d’ une histoire vraie, il y a une incohérence : à l’âge de 20 ans une langue « natale » ne s’oublie pas… même 17 ans après ( Au contraire de Hauser et Tarzan qui sont, eux, élevés « bébés » dans leur environnement « sauvage » ).

Roman entre l’aventure pure et la réflexion sociologique esquissée… Ca manque de souffle. Entre les deux l’auteur n’a pas su ou voulu choisir… et mon intérêt non plus .

Mais comme toujours, ce n’est que mon avis !

11/11/2012

A propos de  « Peste et Choléra » de Patrick Deville  édition du seuil

Contrairement à d’habitude… je ne vous dirai Rien… sinon ceci :

Malgré le classement en roman, ce n’est pas un roman… curieux pour un des 4 derniers postulants au Goncourt 2012 !

Ce n’est pas une biographie NON PLUS ! Celle de Alexandre Yersin (prononcez Yersain)

C’est mieux que ça !

La vie de Yersin et le talent de Deville font que je sors de ce livre emporté d’enthousiasme pour le héros, qui est Alexandre, et reconnaissant pour le conteur qui est Deville …

Merci à lui de m’avoir sorti de ma crade ignorance ; et honte à moi de n’avoir jamais eu la curiosité d’aller plus loin… dans la curiosité… si un jour ce nom est venu à mes oreilles, si un jour l’on m’a parlé de lui !

Mais, à part quelques-uns d’obédience scientifique, … ca m’étonnerait !

Yersin mort au champ d’honneur des disparus de 80% d’entre nous ( et je suis gentil)… un soldat inconnu que tout le monde devrait connaître et qui mériterait d’être reconnu.

Ca va être fait grâce à Deville,

Ca va être fait même s’il n’a pas le Goncourt !

Yersin est un héros, une sorte de Saint, sa vie est un roman,

Deville est son prophète

J’attends le metteur en scène de talent qui portera sa vie à l’écran .

PS / conseil ULTRAIMPORTANT

1 )  n’allez sous aucun prétexte sur le net genre Wikipédia et compagnie… (sauf après !)

2 ) Ne lisez sous aucun prétexte la 4ième de couverture

… Ne me dites pas merci une fois que vous l’aurez lu !

MERCI à Martine, ma libraire préférée, d’avoir lu les 3 autres récipiendaires au Goncourt… et de ne pas avoir  encore eu le temps de lire et de choisir  entre  « La peste et le choléra ».

11/11/2012

A propos de  « En vieillissant les hommes pleurent »  Jean-Luc Seigle.

Flammarion  –   Grand prix  RTL Lire

Il y a dès le départ tous les ingrédients d’un drame possible et à venir : une famille, l’été, les frustrations et les manques de tous ses membres .

C’est un roman sociologique qui dit l’importance du passé et des circonstances de sa naissance (lieu, conditions, époque)  sur chaque destin.

C’ est d’abord, et en fil rouge, la fragilité d’un homme dans la France profonde des années 60 et des 30 glorieuses.

Pour Albert, à l’aube de la cinquantaine , ouvrier chez Michelin, fils de « paysans », marié à Suzanne plus jeune de 13 ans,  c’est la confrontation du poids des traditions au choc de la modernité ; un monde d’avant et un monde d’après ; c’est à la frontière ! Un moment de suspension, de rupture, de franchir un hors zone du jour au lendemain et de choisir son camp comme on choisit le côté de « son mur de Berlin »…  de s’adapter … ou de rester dans la nostalgie et les ombres du passé.

Il subit sa vie, le poids des contraintes, des interdits, des tabous ; c’est un homme d’honneur, l’obligation d’être un homme bien, un homme comme il faut.

Qu’a-t-il à expier ? Quelle est la faute originelle, les raisons de la culpabilité ?… Quelle honte inavouable… ? Enfermé dans un secret … Lequel ?

Si le roman se passe sur 24h, unité de temps, il a pour ciment 3 générations où se mêlent la découverte et la transmission de la culture,  la guerre d’Algérie, l’importance du passé,   des ascendants, de la vieillesse et de l’ amour filial, de l’amour tout court (  très belles pages sur la toilette de la mère ou  l’abandon de  Suzanne dans le désir et le plaisir brut).

Pour Suzanne ce sera la lassitude du désir de l’autre, les habitudes, le quotidien, les traditions,  l’absence, au propre comme au figuré ; elle lit Confidences et Intimité du foyer… elle rêve d’être à nouveau aimée, de redécouvrir les émotions des premiers sentiments .

Elle rêve de « modernité » et, paradoxalement, l ’intrusion de la télévision sera  comme un trait d’union inquiétant avec un fils chéri.

C’est riche, c’est dense, les sentiments des personnages sont bien traduits, la psychologie fouillée ;  le style est clair, c’est une belle langue.

L’épilogue, nous donne la clé et la compréhension de ce qu’il y avait confusément et profondément dans la tête d’Albert . Ce qui dictait son comportement et qui imposait ce qu’il était… qui n’aurait pas dû être si les circonstances de l’Histoire, la grande, n’avait pas croisé le hasard de sa naissance et d’être entre deux monde où dans chacun il n’avait plus sa place.

30 janv 2012

A propos de  « Lolita » de Vladimir Nabokov

L’argument : un homme mûr attiré par une très jeune fille de 12 ans « Lolita »

Qu’est-ce qui fait la force de ce roman inspiré d’un fait divers « vrai » ?

Cela aurait pu n’être qu’un simple livre grivois de plus, écrit à la chaîne par des « fonctionnaires » fongibles de maisons d’édition sans ambition, dans des collections douteuses et racoleuses .

Mais voilà, au milieu d’un genre (policier, à l’eau de rose, érotico/sulfureux…) se glisse parfois une pépite, un joyau.

« Lolita » en est un.

Pourquoi ?

. Parce qu’il mêle, l’Amour avec un très Grand A (celui qui « va » à la mort ou à l’irréparable),   le désir charnel avec un grand D, et des Tabous Universels avec un grand TU  ( celui de souiller la pureté -l’enfance- et celui de l’inceste).

Mais l’oie blanche n’est pas si blanche que ça et le grand méchant loup n’a que de petites canines bien peu acérées !

. L’intrigue et le déroulement vont crescendo, comme une enquête policière, jusqu’à un dénouement final à la description surprenante, inattendue, baroque, comique et grand-guignolesque (alors qu’on est dans le drame absolu !). Tout au long du récit le suspense est constant de ce qui va advenir.

. La narration psychologique de l’évolution des situations et des sentiments des personnages est un des points forts… c’est peut-être à cela, en autres, qu’on est dans la grande littérature.

Les milieux sociologiques et culturels des protagonistes sont différents,  mais l’éducation et la raison ne peuvent rien contre  le déferlement de la passion, qui annihile l’esprit raisonneur et les forces résistantes du corps primal.

Qu’est-ce qui fait que ce roman n’est jamais vulgaire ?

– La force des sentiments et la pureté  du « héros et narrateur » qui devrait en fait avoir le mauvais rôle ; il émeut, il se repend,  il est dans le mal ; mais il le sait il le comprend il l’analyse, il est perpétuellement en remords ; il est toujours et tout le temps dans la culpabilité, et il en devient « touchant ».

La nymphette, qui devrait être, elle, la victime morale et physique, incarne paradoxalement et psychiquement  « une femme adulte manipulatrice et sûre de sa domination ».  Le dompteur est sous le charme et le prédateur n’est pas celui forcément qu’on pense.

– Ecrire près de 500 pages sans que ne soient jamais employés les termes et situations habituels à une sexualité descriptive brute du désir des mauvais romans policiers, alors que le thème du livre est une sexualité déviante condamnée (du moins selon les critères légaux et moraux de la plupart des pays et des croyances).

Là on est dans la suggestion, et bien des pages sont, dans les manifestations du désir, de la poésie .

Lors de sa sortie en 1955, « Lolita » fut  « un objet » de scandale ; la société et les mœurs de l’époque n’avaient alors pas encore effectués cette mutation et cette révolution de libéralisation des comportements, notamment ceux des rapports amoureux .

En 2012, ce livre ne scandaliserait plus personne tant il a été écrit/ diffusé/ montré/  banalisé,  la permissivité et les libertés d’aimer au-delà des différences.

Ca n’en reste pas moins un des rares chefs-d-œuvre de la littérature du XXe siècle.

Intemporel.

PS / comme pour un  film dont on a eu des échos favorables sans en connaître « presque rien d’autre », inutile d’aller sur « Wikipédia »… cela nuirait gravement à l’intérêt de votre lecture puisque l’on vous dit TOUT ! Je crois même déjà que je vous en ai trop dit !

25 nov 2011

A propos du « Système Victoria » de  Eric Reinhardt (Stock)


Ample roman de 521 pages qui embrasse (embrase…) une passion torride entre deux individus faisant partie de deux mondes, de deux modes de pensée et de fonctionnement presque opposés (malgré le fait qu’initialement ils soient issus tous les deux de cursus haut de gamme)

En raccourci, on pourrait écrire que derrière cette histoire d’amour il y a :

. le monde de ceux qui commandent ET  de ceux qui obéissent

. le monde de ceux qui décident ET de ceux qui exécutent,

. le monde de ceux tournés vers les autres et pour les autres avec l’honneur de la conscience pour soi, de la fierté de soi, pour ne pas « se » rougir devant la glace  ET le monde de ceux qui calculent avec deux coups d’avance ou à la fin  la fin justifie les moyens pour son propre intérêt individuel ou l’intérêt collectif d’une caste à laquelle on appartient .

. Un monde de pensée de gauche dans sa composante de défense de l’opprimé  ET un monde réactionnaire assis sur un statut acquis  qui justifie ses prérogatives, ses passe-droits,  à défendre absolument.

Il y a de la lutte de classes dans ce roman ; la lutte de deux visions du monde : celui des puissants et de l’ambition à n’importe quel prix, ET celui des « pauvres », ET deux façons de se comporter : altruiste ou égoïste.

Il y a du maître ET de l’élève, du dominant ET du dominé .

Il y a le monde du pouvoir et des privilèges ET celui des résignés parce qu’il n’y a pas d’autres choix …

Il y a tout ça dans leur relation individuelle ET dans le milieu collectif qui les voit vivre (elle DRH d’un groupe international, lui directeur de travaux d’une tour de La défense)

Derrière la passion intellectuelle et charnelle qui les fascine l’un/l’autre et qui constitue « quand même la colonne vertébrale de ce livre (pour ne pas dire « le corps ») l’auteur a fait un roman « politique et/ou sociologique » qui brasse  l’air de notre temps.

C’est un roman dur froid et terriblement contemporain qui aborde aussi le rapport de force homme/femme et la place prise par cette dernière dans l’évolution sociologique des ces 50 dernières années (indépendance financière, choix et liberté de son corps etc..)

Pourquoi « Le système Victoria » ? Réponse page 451/452

30 oct 2011

A propos de « La conversation » de Jean d’Ormesson (édition Héloïse d’Ormesson)

Quelle mouche a piqué « Jean d’O » d’écrire sur « Napo » !

Ce livre et cette conversation n’ajoutent rien ni à l’un ni à l’autre !

Ni à l’un car cela n’ajoute rien à sa gloire littéraire et à l’admiration que nous lui vouons, « Nous » qui l’aimons pour ses romans philosophiques et ses « leçons » de vie .

Ni à l’autre dont nous n’apprenons rien de plus que nous sachions déjà, « Nous » les inconditionnels du personnage et de son extraordinaire destin.

Il a été écrit des milliers de livres et de biographies sur Napoléon Bonaparte, et celui-ci n’apporte aucun éclairage nouveau ni sur le plan historique ni sur le plan romanesque.

Au plan historique car toutes les pensées et dialogues mis dans la bouche de « Napo » ont été effectivement prononcés et rapportés . Au plan romanesque car il n’a mis dans la bouche de Cambacérès aucune « fantaisie » ou imagination de répartie qui aurait permis de bousculer une vision de l’histoire. Le deuxième consul ne fait qu’acquiescer et enregistrer comme vérité et chose acquise ce que dit « La voix de son maître » ; sans contradiction  et comme un courtisan dont on sent l’allégeance dans chaque réplique et la révérence à chaque page. C’est une chambre d’enregistrement !

Pour prendre un peu de plaisir à « cet « essai » il faut donc aimer à la fois Jean d’O. et de savoir un peu d’histoire de l’épopée du grand homme, sinon à se plonger dans un Lagarde et Michard «d’ histoire » afin de déchiffrer de quoi l’on parle !

Pas gagné alors  mais l’ambition est estimable. Jean d’Ormesson a dû se dire qu’un enième livre sur ses thèmes favoris serait se répéter et que sûrement il avait tout dit de ce côté- là.

« Nous » attendons le suivant !

PS / A l’instar du « Souper »  de Brisville qui mettait Talleyrand et Fouché en scène avec Claude Rich et Pierre Brasseur dans les deux rôles, « La conversation » de Jean d’O ., après adaptation et mise en scène, ferait peut-être un succès de théâtre avec deux acteurs de renom et un public averti.

25 oct 2011

A propos de  « Nous ne savons pas aimer » de Jean – Marie Rouart  (Gallimard 2002)

Il y a deux sujets dans ce livre que j’ai acheté dans une foire « à tout » parce que l’auteur y parlait de Jean d’Ormesson !

Le premier sujet c’est ses rencontres et ses commentaires sur des hommes qu’il a rencontrés, des hommes qui l’ont fasciné d’une manière ou d’une autre :

–         des hommes de pouvoir :  Mitterrand, Napoléon, Giscard, Robert Hersant ; certaines rencontres et anecdotes sont très très savoureuses !

–         des artistes , des « au-dessus de la mêlée » : Romain  Gary et mon cher Jean d’O.

Le second sujet c’est certaines de ses rencontres amoureuses. Il parle de passion de l’âme, du désir  ; de l’Amour avec  un grand A, celui des déceptions, des regrets, des remords ; il y a de la nostalgie et des « il n’y a pas d’amours heureuses ».

C’est grave et léger mais toujours avec beaucoup d’élégance… et il a le sens de la formule ; chacun se reconnaîtra un peu dans ses réflexions et pensées sur ce sujet… inépuisable.

Ca ressemble à du Jean D’O. … c’est certainement pour cela que j’ai beaucoup, mais alors beaucoup aimé !

25 oct 2011

A propos de « Jayne Mansfield 1967 » de Simon Liberati

Franchement , à part moi, né homme en 1947, et quelques spécimen restants de l’immédiat après-guerre s’intéressant au cinéma des grands studios américain des années 55/60 … qui connaît Jayne Mansfield ?

Qui connaît Jayne Mansfield, blonde peroxydée à très forte poitrine, avatar et concurrente de Marilyn Monroe, et connue presque que comme telle, exceptée aussi d’avoir été mariée à Mickey Hargitay « Monsieur Univers » (mais qui connaît Mickey Hargitay ?)

Ce livre, dénommé roman sur sa couverture, est en fait une biographie de « la blonde » juste avant…pendant… et après l’ accident qui lui coûta la vie. C’est une description clinique des  et des circonstances de cette tôle froissée (comme un constat de gendarmerie) avec quelques moments de sa vie pendant cette période.

C’est aussi plein de références de noms du milieu du cinéma de l’époque, producteurs, scénaristes etc… qui ne diront rien de rien à personne !

Donc… il faut avoir été un peu fan… dans ce cas cette « biographie » ressuscitera cette  pauvre actrice (c’est affectueux) certainement l’une des plus peopolisée du monde de cette époque-là .

Une sorte de Loana de ces temps-là ne faisant  la une que des journaux à scandales et ragots.

Sujet hyper spécialisé… Oui… pour les fans

25 oct 2011

A propos de «  Rien ne s’oppose à la nuit » de Delphine de Vigan

Ce ne pourrait être qu’un « journal intime » d’une fille évoquant la vie de sa mère ; comme une catharsis pour réaliser le « deuil » d’émotions récentes et fortes.

Ce ne pourrait être qu’une biographie ! Celle de Lucile, la mère de Delphine de Vigan, personnage anonyme et inconnu, et cela ne nous intéresserait pas !

Ce ne pourrait être qu’une « saga familiale » avec tous ses personnages habituels : père, mère, frères, sœurs, maris etc … et cela ne nous intéresserait pas davantage !

Mais le talent de Delphine de Vigan est de nous faire partager le destin et la vie de Lucile, sa mère, et de faire d’une histoire familiale somme toute banale… presque la nôtre !

DDV «  livre un livre » d’hommages et d’amour qui rend Lucile immortelle .

Elle nous touche, elle fait mouche, et fait de sa mère une sorte d’héroïne, réhabilitant une vie de souffrance en lui donnant une part d’éternité.

Le style est délié et se prêterait bien à une lecture à haute voix, comme on raconterait une histoire.

Roman apprécié par l’ensemble de la critique littéraire et sur toutes les listes de prix 2011… je suis d’accord … je mets un billet sur l’un de ces grands prix !

25 oct 2011

A propos de     » L’art français de la guerre » d’Alexis Jenni (Gallimard)


L’auteur a aujourd’hui 48 ans, est professeur de sciences, et c’est son premier roman !

La première question qui vient à l’esprit, c’est comment un homme (ou une femme) peut-il porter en lui tant de richesse de mots  d’ idées et d’analyse sans que son talent (ou son envie) ne se soit exprimé avant ?

En deux mots, le livre fait 632 pages et parle de la guerre ou plutôt des guerres récentes ou les français en étaient des acteurs (39/45 ; Indochine ; Algérie) . S’il ne s’agissait que de scènes de combat, d’offensives et de contre-offensives, cela n’aurait aucun intérêt. Toutes les guerres et notamment contemporaines, et quand elles sont bien traitées, ne sont que des supports à une réflexion sur les comportements de la nature humaine et de toute la palette des émotions et des sentiments.

L’angle choisi par Jenni au travers de son « héros » et de son narrateur est une réflexion   autour de l’identité individuelle et collective, de la « race »  en tant que différence d’apparence physique, du colonialisme et de ses conséquences contemporaines (les banlieues actuelles)  de l’influence du poids des circonstances et de l’environnement dans la conduite d’hommes engagés dans la guerre.

Il y est question de ressemblance, de différences, de l’usage de la force, de la peur, de domination, de résistance, d’exactions en tous genres, d’appartenance à un corps social ou aux racines d’un pays et à son histoire ; de eux, de nous, des autres qui ne sont pas comme nous !

L’auteur ne prend pas parti, il laisse ses protagonistes expliquer les raisons de leurs pensées  selon qu’ils soient dominants ou dominés. Et en  arrière-fond vient l’interrogation qui s’impose à nous : qu’aurions-nous fait à la place de ces hommes, de quelles façons nous serions-nous comportés, les conséquences sur le destin et l’avenir des hommes impliqués.

C’est brillant, très brillant et le style est à la hauteur du sujet ambitieux traité.

Bien sûr c’est un livre plutôt fait pour un public masculin car « la guerre » en général n’est pas un sujet conforme aux sensibilités et valeurs féminines, mais ça se lit comme un roman.

Mais on y trouve aussi des réflexions sur l’art (le héros est dessinateur) des pages de pure poésie ( la ville de Lyon) et le sentiment amoureux par petites touches.

Peut-être que ce roman aurait mérité d’être un peu plus ramassé MAIS comment peut-on écrire et sortir de ses tripes 632 pages comme celles-ci quand on a jamais écrit !?

Un Grand prix cette année !?… Si la littérature est une exigence de qualité tant dans l’écriture que dans la matière à donner à réfléchir et penser…. alors certainement !

27 juin 2011

Pour « Le dormeur de Colleville » ( dans Verl’aime) je viens d’obtenir le 1er prix au concours national de littérature BNPParibas dans la catégorie Poésie.

7 mars 2011

A propos de « Dernière nuit à Twisted river » de John Irving

Voilà encore un livre qui ferait un formidable film…américain !

Tout y est : forêt majestueuse et enneigée, grands espaces, rivière torrentueuse, des villes, des néons, une cavale, une traque, le temps qui passe (important le temps dans cette histoire) des personnages hauts en couleur, des gueules, des caractères, le hasard et les circonstances, du suspense… la vengeance .

Les femmes sont en arrière-plans mais nombreuses, MAIS tout arrive par Elle et fini par Elle !? (au singulier) ; sans Elle pas de livre ! Pas de machisme de la part de John, mais c’est avant tout une histoire d’hommes, avec de l’amour d’hommes pour d’autres hommes : petits et grands, jeunes ou vieux ; celui de l’amour filial et celui de l’amitié à la vie… à la mort…

Il y a souvent dans la littérature américaine ce qui manque à nos auteurs français : du souffle, une certaine forme d’épopée. Le roman français est comme le cinéma français : souvent trop étriqué autour des mêmes sempiternels scénarios des rapports amoureux. J’ai dit souvent …

Voilà pour le film… à venir !

Quant au récit, moi qui suis un inconditionnel de John Irving, peut-être aurait-il « mérité » d’être un peu plus « ramassé » ; il aurait gagné en densité, en intensité dramatique.

Pour celles/ceux qui ne connaissent pas celui devenu un écrivain majeur de la littérature américaine, je recommande (à nouveau ?) de commencer par « Le monde selon Garp » (en poche)

Cela vous donnera peut-être alors envie de passer une « nuit à Twisted river » !


21/02/2011

A propos de « Purge » de Sofi Oksanen
(Prix Fémina 2010 du roman étranger)

Je vais toujours au bout d’un livre que je commence même si à sa moitié je ne suis pas « emballé » ! Comme au cinéma je ne quitte jamais une séance ! Parce que j’espère y trouver une pépite, une rareté, un instant de grâce : une réplique à réfléchir, une image à conserver, le regard d’une actrice, le geste d’un comédien.

Dans « Purge », je n’ai pas trouvé ma pépite ! Pourquoi ?

Pourtant, le sujet sort des sentiers battus du triangle d’or (…de l’édition et des premiers romans d’auteurs sans trop d’imagination… cad le mari la femme et l’amant ou inversement… ou l’autobiographie !)

Je suis même sûr que le découpage du récit, en chapitres flash-back et retour vers le futur, ferait déjà les plans d’un grand film, passionnant, angoissant, et plein de suspense pire que l’œuvre complète d’Alfred Hitchcock (du genre « No country for old men » si vous voyez ce que je veux dire ! )

Vous y trouverez des secrets de famille, de la violence psychologique, de la peur partout …

Nancy Huston a dit que c’était un vrai chef-d-œuvre. Une merveille (Bon, mais là faire attention aux collusions d’intérêts… )

Sofi Oksanen a été récompensée, Martine, ma libraire, m’a dit que le livre était demandé… alors pourquoi !! ? Je crois simplement qu’il n’était pas fait pour moi !

Faites-vous une idée et parlez-m’en… ça m’intéresse !

PS / Ah oui, le pitch quand même, piqué sur la 4ième de couverture !

En 1992, l’Union soviétique s’effondre et la population estonienne fête le départ des russes. Mais la vieille Aliide, elle, redoute les pillages et vit terrée dans sa maison, au fin fond des campagnes.

22/01/2011

A propos de « Les petits » de Christine Angot


OUH LA LA !

Pression /stress /malaise sont mes symptômes à la lecture de « ces petits » !

Pression causée par le style brut et acéré de l’écriture qui ne vous laisse pas de temps de pose et ne vous fait jamais reprendre l’oxygène… la respiration attendue.

Les phrases sont très courtes et l’action, qui fait progresser la descente aux abîmes/abysses/ enfer de la victime, est toujours présente : progressive mais rapide et… inéluctable !

Aux phrases brèves s’ajoute souvent l’emploi des pronoms personnel « il » ou « elle » (singulier ou pluriel ; plus de 30 pour la page 19 ! ) pour décrire ce que font les protagonistes ; cela précipite le récit, cela ajoute à notre fébrilité.

Ce livre, comme un thriller cinématographique bien fait, distille du mal être, et c’est tout le talent de l’auteur, non seulement de nous le faire partager… mais de nous le faire vivre ( je me suis mis dans la peau de Billy, le mari ! )

Elles ne doivent pas être nombreuses, mais elles existent les femmes qui ressemblent à Hélène (la mère des « petits » et l’épouse de Billy) et on ne souhaite qu’une seule chose… on ne voudrait pas rencontrer Hélène ! Elle exerce vis-à-vis de lui un magistère de violence psychologique insidieuse et en escalade qui fout la trouille (p 87 : « Hélène a un regard constamment énervé. Elle regarde fixement, méchamment. Elle vit avec ces yeux-là. ») .

Elle harcèle, manipule . C’est une procédurière dans l’âme et dans les faits, elle ne lâche rien.

En fait Billy est… le 6ièmepetit (5 sont des vrais…des enfants) ; il est en fait l’ enfant non désiré, celui que l’on va martyrisé.

Billy a la culpabilité des femmes violentées qui pensent qu’elles sont responsables de ce qui leur arrive… qu’elles l’ont mérité… d’être battues !

Haletant, étouffant, glaçant . Ce livre est anxiogène ce n’est pas le moindre de ses mérites .

22/01/2011

A propos du « Dictionnaire amoureux du Rock » d’Antoine de Caunes


JUBILATOIRE ! POURQUOI ?

D’abord et surtout parce que l’humour et le style d’ Antoine de Caunes sont impayables et que mon « dévorage » des 713 pages lui doit beaucoup .

Ensuite parce que sa culture rock est non seulement immense, mais que dans le cadre des émissions qu’il a produites et animées, il a interviewé et rencontré beaucoup des légendes vivantes ou mortes dont il parle, et qu’il a des souvenirs ou anecdotes qui sans lui seraient restées lettre morte … et en littérature… vous en conviendrez avec moi… c’est un comble !

Pour Qui ? Pour tous les enfants du Rock de 17 à … ans ( parce que « le rock » est intergénérationnel, de tous les temps à venir , de toutes les modes… c’est-à-dire aucune ! ) :

. Ceux qui ont grandi avec cette musique

. Ceux qui ont toujours le frisson aux premières mesures d’Elvis chantant « That’s all right Mama »

. Ceux pour qui « Les Beatles » sont toujours le plus grand groupe du monde et qu’on a pas fait mieux sur le plan inventif et mélodique que « L’album blanc » « Sergent Pepper » ou « Revolver »

. Ceux pour qui « Les Stones »sont le plus grand groupe du monde … après « Les Beatles »

. Etc.. etc…

Serge Gainsbourg y a sa chronique (eh oui !), Bashung et Dutronc aussi ! Mais dans son dictionnaire amoureux de A à Z, il y a aussi : ACDC , James Brown, The Kinks, Pink Floyd, Prince, Cat Stevens, ZZ top… OUI ZTOP ! Car au total ce sont pas moins de 109 entrées que propose ce dico qui est la somme de la crème qu’il faut savoir sur cette pièce montée qu’est le « Rock » ; et dans une diversité qui ne se réduit pas à « Be bop a Lula ».

De mon côté j’ai pris pas moins de 58 références d’artistes ou d’albums qu’il m’a donné envie/tout de suite/ maintenant / d’aller voir du côté de Deezer ou d’Amazon.com. Il vous communique son enthousiasme à vous ruer à la FNAC… même si elle est à 128 km … juste l’aller !

Trop de talent(s) Antoine : producteur, animateur, comédien, cinéaste ( son remarquable « Monsieur N » ) et maintenant « écrivain » ! Derrière on sent, la modestie, le doute de soi, et le grand professionnalisme.

Et si la véritable découverte de ce livre ce n’était pas « le Rock » mais le talent de raconteur d’Antoine ! Non, je plaisante… quoique !


VRAIMENT 
un beau cadeau à faire… à des enfants du Rock que vous connaissez !

04/01/2011

A propos de « Jésus l’homme qui était Dieu » de Max Gallo

C’est la première fois que je lis un ouvrage de Max Gallo. Sa réputation, ses succès d’édition et ses dizaines de milliers de lecteurs, le conteur intéressant qu’il est quand il aborde un sujet, m’ont donné envie de lire son « Jésus ».

Bien qu’athée tendance agnostique, mais d’éducation catholique et chrétienne, j’avais envie de me replonger dans les détails de la vie de « l’homme devenu Dieu ». La lecture de ce livre est une déception !

Pourtant au plan narratif ça commençait plutôt bien, avec, au pied de la croix, la mort du Christ vue et racontée par Flavius le légionnaire romain. Je me suis dit : c’est à lire à haute voix pour des enfants…

C’était juste le début… ensuite, ensuite :

– le style de tournure de phrases qu’il met dans la bouche des protagonistes sont à relire pour en bien saisir le sens, que, parfois… je n’ai pas bien saisi !

– une répétitivité sur le fond et la forme ; il y a une forme de paresse, une sorte de procédé mécanique (ex : pour raconter les miracles ; va, va, va ; les scribes, les prophètes, le sanhédrin etc ..)

– et puis et puis… Jésus apparaît comme un homme plutôt pas très sympathique ! intolérant, intransigeant… si tu ne fais pas comme lui, si tu ne penses pas comme lui… gare ! Où sont les valeurs de pardon, de compréhension, d’empathie, d’amour du prochain…

– Même s’il s’agit de ne pas en « rajouter » (le sujet est sérieux), car ce n’est pas un sujet d’aventures ou d’épopée de roman, il manque quand même un souffle général.


Avec Napoléon, Jésus est sans doute celui sur lequel il existe le plus de biographies, de récits. Le sujet est donc rabâché et usé jusqu’à la corde, et le livre de Max Gallo ne m’apporte rien de nouveau !

Mon premier livre de catéchisme m’en disait tout autant (j’exagère un peu certes…mais !)

Une déception vous dis-je !

Comme pour Amélie Nothomb, je me méfie un peu des auteurs prolifiques qui publient 1 livre par an. Quelle urgence y-avait-il pour Max Gallo d’écrire ce livre ?

18/12/2010

A propos de « Plateforme » de Michel Houellebecq

Certains (beaucoup), ont contesté l’attribution du Goncourt 2010 à Michel Houellebecq pour son roman « La carte et le territoire » disant qu’il aurait mérité de lui être déjà attribué pour un de ses romans précédents.

J’ai voulu en avoir le cœur net ! J’avais déjà lu « La possibilité d’une île » et je viens de terminer « Plateforme ». Je ne change pas d’avis ! Je ne vois pas en quoi aurait dû lui être attribué plus précédemment que maintenant, le prix le plus important de la littérature française !

« Plateforme » au travers d’un voyage organisé en Thaïlande a pour sujet le tourisme sexuel (…ou sa misère) . L’auteur, au travers de son héros, et c’est son droit de romancier, ne prend pas parti pour ou contre, (mais le héros en profite..) .

Je ne suis pas prude, et comme des milliards de femmes et d’hommes passés et à venir, nous savons que dans les composantes de l’Amour, celui dit charnel en est une importante.

Ce qui m’a beaucoup gêné, c’est le procédé presque systématique de Houellebecq à recourir toutes les dix pages à deux ou trois pages de sexe crû qu’on attendrait plutôt sur l’étagère la plus haute… d’une arrière boutique de sex shop…

Quand le propos est assumé (ex Catherine Millet)cette littérature a ses titres de noblesse puisqu’elle touche à l’homme, ses secrets et sentiments intimes.

J’y vois chez l’auteur comme une sorte de complaisance un peu malsaine comme un enfant qui se délecte de dire caca popo… et d’autres gros mots, en y trouvant une certaine jouissance !

La systémisation de ces scènes n’apporte rien de plus au récit. Reste la vision désespérée de Houellebecq sur la condition humaine ou sur le dérisoire d’une courte vie et de ses petites et grandes misères. A elle toute seule cette partie aurait fait un livre dense ( l’humour de Woody Alen en moins… Ah oui au fait, verriez-vous dans des films de Alen des scènes pornographiques toutes les dix minutes ? )

J’ai l’impression de parler comme un frustré ou comme un vieux c… mais mon opinion reste la même : Michel Houellebecq auteur de talent, OUI, … titulaire du Goncourt … pas encore ! (…rires)

18/12/2010

A propos de « Les trois saisons de la rage » de Victor Cohen Hadria

Dans ce roman on ne sait ce qu’il y a de plus remarquable : le style (la langue devrait-on dire) ou le fond ?

Le style, ou la langue, c’est celle du 19e siècle, c’est-à-dire débarrassée des la préciosité du 18esiècle, où les phrases ressemblaient à des phrases, et non pas à celles, majoritaires du XXe , ou sujet /verbe / complément … point à la ligne et on recommence… sont la trilogie commune !

Cohen Hadria, c’est Balzac sans les descriptions ! Pour ceux qui auraient « un peu peur » de cette langue, épurée des effets de style inutile, c’est le contraire de l’ennui, c’est le contraire d’être » chiant » ; et au fur et à mesure des pages, on se promet et on a envie, à la fin, de faire un « effort » pour parler ainsi tellement que c’est beau, tellement que c’est « joli » (sens positif de ce mot).

Il y a une vraie jubilation de lecture, et ne serait-ce que cela, le livre se justifierait à lui seul !


Mais en plus… il y a le fond ! L’argument, ou le « pitch » comme l’on dit « branchément », c’est le journal d’un curé de campagne, sauf que c’est un médecin « généraliste de campagne du 19esiècle » et traité sous forme de correspondances et de journal quotidien ou tout se confesse, tout se révèle, comme… à confesse ou chez sa coiffeuse !

Notre narrateur ne traite pas que les corps (y compris le sien) il s’occupe aussi des âmes (mais c’est un pléonasme peut-être pour la profession !).

Et au fil des pages et des patients, il passe en revue « la condition humaine » ( Moi, mon cher cousin j’ai dit Balzac ! comme c’est bizarre ! ) où s’interpénètrent les misères morales et physiques, les petites grandeurs et les grandes décadences… et aussi ses inverses !

Selon les personnages du roman, l’auteur traite des progrès de la science, de la religion, de la vacuité de l’homme et de ses croyances, du désir de la chair ( et de ses turpitudes chez les hommes de foi), de la solitude, de la relation aux enfants, de l’inégalité, de la souffrance, des horreurs de la guerre, du désir, de la mort, de la prostitution, etc…

Vous aurez compris que c’est riche…très riche ! Mais le plus fort ou le plus habile ou le plus intéressant, c’est que Cohen Hadria sous couvert de ce costume de médecin de province du 19esiècle, traite ou fait le parallèle avec des situations de maintenant(ex : p 378/379, passé/avenir/SNCF…).

L’auteur nous donne sa pensée, et à penser. Sans y toucher il nous incite profondément à la réflexion ; de ce livre on pourrait tirer un autre livre de citations et de maximes, ce n’est pas le moindre des compliments.

Après « Bélard et Loïse » (voir note), encore un très très bon livre… « pourvu que ça doure ! »

Merci Martine de m’avoir conseillé ce livre ( pas ma libraire… une copine).

02/12/2010

A propos de « Bélard et Loïse » de Jean Guerreschi

Attention : Chef-d’œuvre

Bien sûr, le titre est un clin d’œil à l’histoire d’Héloïse et Abélard, quintessence du couple romantique, et l’histoire est la même : l’histoire d’un vieux professeur et de sa jeune élève qui s’aiment ; d’autres similitudes dont je ne vous donne aucune piste parsèment ce livre.

Je ne vous donne aussi aucun qualificatif générique (ex : comédie sentimentale) pour ménager la chute du livre (surtout ne rien dire à ceux à qui vous recommanderez ce roman).

Mais là, « Loïse et son Bélard » s’aiment dans le début du XXIe siècle, c’est-à-dire avec cette liberté de penser de faire et de dire les choses de l’amour, que le XXe siècle a intronisé et « démocratisé » : la grande liberté des corps sous les coups répétés de la sociologie et de l’émergence de la femme comme être de liberté (travail /contraception)

C’est un amour passion qui lie l’esprit et le désir du charnel, le corps et l’âme. Quelques lecteurs qui ne savent pas ou ont oublié la volonté de la chair partagée sans tabou, pourront être « choqués » ; les autres savent !

L’écriture et la réflexion de Jean Guerreschi au travers de ses personnages sont fortes ; on sait ou l’on sent tous les sentiments relatifs à la passion partagée : la dépendance de l’esprit à l’autre et la soumission du corps à l’esprit (et/ou l’inverse)… et vouloir mourir d’aimer plutôt que de penser que l’on ne pourra plus aimer… ainsi !

Hasard des lectures, j’ai relu il y a quelques jours « Belle du seigneur » d’Albert Cohen (cf mon site) considéré comme un des grands romans d’Amour du XXe siècle.

Ma libraire m’a prêté ce livre… je devrais le lui rendre MAIS je vais le lui acheter pour le placer sur la même étagère, à côté de « Lolita » de Nabokov,

En somme une sorte de trilogie de l’Amour fou

Et aussi pour le relire
 ! Il est des voisinages moins glorieux… et des bibelots moins précieux… mais c’est mon avis !

Ca se lit comme le meilleur des thrillers, avec l’envie perpétuelle de tourner les pages, une faim jamais rassasiée. Moi, je lui aurais donné tous les prix cette année (Goncourt, Renaudot, etc… Mais qu’on fait les jurées du prix Fémina cette année ?-)

Vous avez de la chance et je vous envie…vous ne l’avez pas encore lu ! ( je dis cela quand je suis fan absolu ! )

02/12/2010

A propos de « Parle-leur de batailles, de rois et d’éléphants » de Mathias Enard (Prix Goncourt des lycéens 2010)

Le propos : en 1506 Michel-Ange a été approché par le sultan d’Istanbul (ex Constantinople, ex Babylone) pour concevoir un gigantesque pont sur le corne d’or, là où avait échoué Léonard de Vinci.

Mathias Enard nous propose principalement une réflexionsur plusieurs aspects des « affres de l’artiste » face à la création et au milieu qui l’entoure.

1) C’est d’abord, et depuis toujours, et encore maintenant, la dépendance du créateur aux Princes qui sont ses commanditaires. C’est une relation dominant/dominé ou l’artiste est toujours le dominé car en état permanent de sujétion (les dominants sont ici Jules II, le Papeet le Sultan) ; deux faiblesses apparaissent alors naturellement chez le créateur :

– la Reconnaissance publique (on dirait aujourd’hui médiatique : ex : être choisi pour exposer au Château de Versailles -Koons, Murakami-, et là le prince est l’Etat ou les commandes publiques)
Remarque : on peut aussi compter au nombre des Princes dominants : les grands collectionneurs privés et/ou capitaines d’industrie qui font ou ne font pas la mode et la réputation (ex Pinault, Arnault) mais aussi les marchands d’art et galeristes réputés.

– La sujétion et la « soumission » à l’argent qui permet de vivre et/ou d’assurer un train de vie et/ou continuer son art (ex acheter du marbre ou des toiles et des couleurs).

Ces 2 aspects sont une sorte d’esclavage, car de soumission au bon vouloir d’un pouvoir sans lequel vous n’êtes rien, ou du moins « relégué » à la condition de l’ensemble anonyme de la masse des autres artistes.

2) Ce sont ensuite les interrogations et les doutes de l’artiste en tant que créateur. Vais-je réussir, vais-je être à la hauteur de ce que j’attends de moi , de mes ambitions, de ce que j’ai dans la tête en tant que projet ; vais-je être à la hauteur de ce que les autres attendent ; et quelle trace vais-je laisser ? autrement dit et au total, « l’angoisse devant la page blanche à écrire, le marbre à sculpter, la toile à remplir ».

Les autres éléments du livre (les personnages autour de Michel-Ange et ses amour/amitiés, permettent de n’en pas faire une biographie, mais un roman).

C’est fait en phrases et chapitres courts et c’est parfois poétique (l’Orient aide !). Le style est là MAIS aurais-je voté pour ce livre si j’avais été lycéen… j’en doute. Il y manque de la force, un souffle qui fait que le livre fermé il reste quelque chose d’ancré pour longtemps.
Mais ce n’est que mon avis… d’adulte !


Nota 
: Yann Moix dans une interview, dit que le choix final du prix Goncourt des lycéens est « sérieusement » influencépar les maîtres et les professeurs » : intéressant Non ! A méditer, Yann Moix est toujours intéressant !

Pour les amateurs d’art et en savoir plus sur Michel-Ange, lire la formidable biographie de Frédéric REY « L’homme Michel-Ange » éditions de Fallois, 1989.

A propos de « La carte et le territoire » de Michel Houellebecq

Ecrit le 5 novembre 2010 AVANT l’attribution du Prix Goncourt

Si l’on croyait la rumeur, le Goncourt 2010 serait déjà joué… et le lauréat connu : Michel Houellebecq. Le Goncourt est considéré comme le plus important prix littéraire français ; il apporte reconnaissance, gloire littéraire, pactole ; il confirme un talent ou révèle un auteur au grand public.

C’est dire assez que les jurés, éminemment reconnus et respectés, ont une part importante de « responsabilité » dans le maintien « d’une certaine idée de la littérature » pour paraphraser qui vous savez !


Alors que penser du dernier Houellebecq ? du moins ce que j’en pense !

L’impression première, bien qu’il y ait un fil rouge ( le personnage de Jed Martin, artiste, et sa relation à Michel Houellebecq lui-même) c’est le manque d’unité du roman, où l’auteur passe d’une considération à une autre comme « un coq à l’âne ». Au fil des pages, il introduit des considérations sur l’Art ( il « dégomme » Picasso et la photographie en tant qu’art en prend un coup dès la page 3 !), l’architecture, la société de consommation, les relations humaines de façon générale et particulière (au père), et… sur les mérites comparés du caniche et du bichon !

Comme personnages agissants du roman, il introduit Frédéric Beigbeider et Jean-Pierre Pernault. Il évoque aussi Le Corbusier, William Morris, Lamartine, les préraphaëlites, Tocqueville, il réhabilite Jean-Louis Curtis etc.. etc.. Bien sûr c’est intéressant… mais ça fait beaucoup !


Il y a une double chose intéressante dans ce livre, c’est :

– qu’il nous révèle et nous livre au travers des situations et des personnages des aspects de sa propre pensée et de sa vision du monde : il s’autoportraitise sans complaisance et est tour à tour Célinien et WoodyAlenien » avec désespérance et fatalisme ; la vie est tragique du début jusqu’à la fin et… tout est vain et dérisoire ( p128… Houellebecq un solitaire à fortes tendances misanthropiques).

– cette mise en scène de sa propre personne, Lui Michel Houellbecq, comme acteur « principal » du roman ( Mais là CHUTpour toi lecteur pour ménager la deuxième partie du livre qui se termine en enquête policière ?! )

Au total, le livre capte bien dans son premier quart, il ronronne un peu dans le deuxième mais en restant intéressant, il rebondit dans le 3ième quart… mais le dernier est un peu paresseux.

CONCLUSION :

Le Houellbecq est-il un bon roman : OUI . « Le Houellbecq aura-t-il le Goncourt… il y a de fortes chances pour pleins de raisons déjà connues. Le Houellbecq est-il un grand livre qui « mérite » le Goncourt et fait avancer la littérature. Vous connaissez sans doute ma réponse !

08/11/2010


A propos de « Petite soeur, mon amour » de Joyce Carol Oates

Préalable :

D’abord, si vous n’avez pas lu « Blonde »De Carol Oates, je ne peux faire de vous un fan absolu de cet auteur. Donc je vous recommande… de commander et de lire D’ABORDce livre auprès de votre libraire préféré.

Ensuite :

Si vous avez aimé « Blonde »(adoré veux-je dire !)… lisez « Petite sœur, mon amour ».

Enfin :

Quels sont ces rares auteurs qui d’un fait divers (réel, mais transposé) qui ne mériterait qu’un entrefilet de 4ièmepage d’un quotidien régional peut vous faire un roman de 661 pages sans que la tension de lecture ne faiblisse un instant ?

Quels sont ces rares auteurs qui vous surprennent par le style de la narration (ici, un des présumés coupables… qui fait lui-même en bas de page ses propres commentaires !) et vous fait en même temps toucher du doigt des aspects universels et intemporels de nos soucis de simples mortels !? (ici, et notamment, l’ambition l’orgueil et la vanité de parents pour leurs enfants, et plus généralement de réaliser à travers eux les rêves perdus ou inachevés de leurs propres vies).

Quels sont ces rares auteurs qui vous font acteurs et partie prenante de leurs personnages et toucher du doigt des sentiments que vous ne connaissez pas, parce que dans votre propre vie vous ne les vivrez pas, parce que dans votre propre vie vous ne serez jamais confrontés à ces situations extraordinaires… qui font l’ordinaire de la 4ième page… etc.. (ici, ceux complexes et variés de Skyler).


Question
 : mais pourquoi un auteur français de grand talent ne s’est-il pas emparé de « l’affaire Grégory » pour en faire ce que l’auteur de « Petite sœur mon amour » a fait d’un mystère qui a passionné les Etats-Unis ?

Trop tard OATES l’a fait !

On dit que Carol Oates aura un jour le Nobel de littérature, et certains se demandent pourquoi elle ne l’a déjà pas eu ! Moi je sais pourquoi elle l’aura, et que pour une fois, on lira un Nobel qui ne sera pas ch… (excuse, mais…)

Lecteur, si tu n’a pas aimé « Blonde », passe ton chemin … maintenant, si ces lignes t’ont mis l’eau à la bouche… tu liras « Blonde »… après !

08/11/2010

Pourquoi faut-il lire ou relire « Belle du seigneur » d’Albert Cohen ?

Parce que tous ceux qui le liront ou le reliront auront : soit du Bonheur, soit des regrets, soit… de l’espoir… et peut-être les trois !


Qui doit lire ou relire « Belle du seigneur »

. Tous ceux qui se demandent quelle est la définition de ce verbe inconnu ! (il y en a)
. Tous ceux qui se rendront compte de ce qu’est être aimé VRAIMENT ( des désillusions sont à prévoir)
. Tous ceux qui aiment ou ont aimé MAIS qui sauront à la lecture du livre qu’ils n’aiment pas ou n’ont pas aimé… VRAIMENT ! ( c’est le plus gros du bataillon).

A ceux là, c’est un formidable espoir (ou désespoir selon les situations) que de savoir que… si ça existe ! Il reste à le chercher et à le vivre… ou subir… MAIS ALORS que faire ?

. Tous ceux qui ont aimé comme Ariane et Solal parce qu’ils savent qu’ils ont vécu le plus beau et le plus exaltant des sentiments humains : l’amour passion. Certes, celui qui fait mal, celui qui ravage, mais celui aussi qui, même avec son cortège de douleurs, permet de savoir ce qu’est « être vivant ».

. Tous ceux qui vivent encore, depuis peu ou depuis longtemps, cette sorte d’amour absolu que décrit Albert Cohen, et ou l’autre est tout, ou l’autre est celui dans lequel l’on voudrait se fondre physiquement, celui dont on sait que l’absence sera fatale, pour soi, ou… pour les autres à venir.

Car pour tous ceux-là, il leur faut le protéger… cet amour… qu’il vive… aujourd’hui et maintenant !

Je vous l’avais dit ce livre va vous donner du bonheur, et des regrets et… de l’espoir.

Du Bonheur (de l’avoir vécu)
Des regrets (qu’il soit fini quelle qu’en soit la cause, ou d’être passé à côté)
Et de l’espoir … puisqu’il est à venir !

Mais qui a dit que l’amour était facile !

Et puis, et puis il y a :

. La force comique d’Albert Cohen (le personnage de Mariette, les oncles de Solal – relire « Mangeclous-) , la description des caractères petits et dérisoires des Deume (belle-famille d’Ariane), mari compris.

Le style qui, à l’instar de celui de Céline, est un des plus novateurs de la littérature du XXe siècle

Dernière chose : « Belle du seigneur » est en tournage cinéma… c’est une raison supplémentaire de le lire… car on en parlera de porter à l’écran ce que certains considèrent comme « le plus grand roman d’amour » du XXe siècle !

04/10/2010

A propos de « une forme de vie » d’Amélie Nothomb

Amélie Nothomb fait partie des « gens » qu’on adore ou qu’on… aime beaucoup moins ! (je n’ai pas dit…déteste ou brûle !)

Je suis entre les deux ! Je lis chaque année le « Nothomb » parce que ma femme est une adulatrice. Quand ses œuvres complètes seront dans la Pléïade, je connais la 1èreacheteuse !

Bien sûr c’est bien écrit, bien sûr elle essaie toujours de trouver un thème original, bien sûr que qu’elle possède aussi tous les ressorts du bon écrivain

Mais d’une année à l’autre, je n’ai rien retenu de ces autres romans des années précédentes à part « Stupeur et tremblements », et peut-être plus sûrement grâce à Sylvie Testud qui tenait le rôle de l’héroïne dans le film du même nom.

J’ai eu du mal à m’intéresser aux commentaires du soldat Mapple sur sa propre infirmité : sa boulimie et son obésité à en faire une œuvre d’art. La forme, traitée sous forme de correspondance, est un procédé toujours séduisant. Mais sans y toucher, ce qui m’a gêné (je l’ai ressenti comme ça…pardon pour les fans) c’est qu’ elle s’autosatisfait un peu de son œuvre (p 65, 66,79). La grosse tête Amélie ou les chevilles qui gonflent ?

Là où elle est très intéressante c’est quand elle évoque ses rapports de correspondance avec ses propres lecteurs. A lui tout seul ce sujet ferait un excellent thème pour un prochain ouvrage qui ne serait pas un… roman . Ce début d’analyse met l’eau à la bouche et mérite qu’elle remette l’ouvrage sur le métier.
La chute du livre est ce qu’il y a de meilleur … Aussi !

Je ne brûle pas, je n’adore pas (crime de lèse-majesté ?)… Mais je crois que je vais oublier bien vite ce livre. Le mieux c’est de l’acheter ou de vous le faire prêter.

D’ailleurs elle écrit trop Amélie (69 livres dit-elle…pas tous publiés !!). Un livre par an ça devient un procédé, un marronnier de marketing… Et si tu écrivais Amélie un livre tous les deux ou trois ans !

04/10/2010

A propos du dernier livre de Philippe Forrest : « Le siècle des nuages »

Si la définition du roman est d’être une fiction, ce n’est pas un roman puisque c’est la biographie de l’aviation depuis sa naissance, au travers de celle du père de l’auteur.
Mais ce n’est pas non plus une biographie !

Dans ce récit on « survole » et l’histoire de sa famille et l’histoire de l’aviation au travers du XXe siècle : « Le siècle des nuages ». Philippe Forest nous donne à la fois de l’histoire à connaître ou à se rappeler (celle de l’aviation) et de la matière pour réfléchir sur ce qu’est une vie (celle de son père), ses hasards sa brièveté, ses frustrations.

Son père, modeste et homme de devoir, consacrant sa vie à sa passion devenu un métier : l’aviation, les nuages.

Au travers de l’histoire de l’aviation (les frères Wright, Blériot, Mermoz, St Exupéry, l’Aéropostale, les deux conflits mondiaux) il parcourt le roman d’amour de ses parents (ou l’inverse d’ailleurs).
Il touche à la nostalgie, à la brièveté d’une vie, et au passage tragique et dérisoire du temps.

D’après ses propres souvenirs et ceux de sa mère sur un lit d’hôpital, c’est un roman d’amour qui aurait pu avoir aussi comme titre « Au nom du père de la part de son fils ». Il ressuscite un homme pour « le rendre éternel pour la postérité » et pour tous les descendants de la famille Forest.

C’est un livre qui donne envie de dire à son père (ou à sa mère ou à d’autres) qu’on l’aime pendant qu’il est vivant. Son père, grâce à ce livre devient immortel, c’est le plus beau des hommages, à la fois virtuel et post-mortem, qu’un fils puisse rendre à son père. Si du ciel il lit ces pages il doit avoir la tête… dans les nuages.

Vous aurez peut-être un peu de difficulté à accrocher dans les trente premières pages du livre. Il faut le lire lentement ; les phrases sont parfois proustiennes par leur longueur et le participe présent est… présent.
Mais passé cette accoutumance au style, la récompense va crescendo jusqu’aux dernières pages bouleversantes.

Ma libraire, Martine, parie pour une sélection dans la course au Goncourt. Moi AUSSI .


À propos de « La Délicatesse » de David Foenkinos chez Gallimard

STOP ! Arrêtez tout… de toute urgence !

S’il y a un peu de spleen de fin d’été dans votre vie, et que vous vient :

– un peu de désir de rêver…
– ou d’oublier les petits tracas ou les grands soucis de la rentrée,
– ou de penser qu’il y a des lendemains qui peuvent chanter…

ALORS lisez Daniel Foenkinos et sa « Délicatesse »

Contrairement aux critiques radio ou télé qui vous ruinent l’envie d’aller voir les films à voir et lire les livres à vouloir lire… Je ne vous dirai rien…

C’est Esméralda et Quasimodo (en moins pire) autant dire une rencontre improbable ! Je ne vous dirai pas comment ça commence, comment ça finit… mais ce roman d’amour vous rendra… mais là je m’aperçois que je commence à trop vous en dire !

Je lis assez lentement, du moins peu de pages à la fois… Là, en 2 jours (ou en 2 nuits selon que vous êtes du matin ou du plus profond du soir) c’était savouré, dégusté.

Ća s’apprécie comme un vieux Bordeaux en culottes de velours ou une tartine de pain/beurre/chocolat quand vous aviez 10 ans à la récré et que vous aviez très très faim.

Je vous donne uniquement les noms des 2 héros Nathalie (ça guide) et Markus.
Homme ou femme qui me lisez, ouvrez l’œil, il y en a « nécessairement » autour de vous !

Que ceux qui ne sont pas satisfaits m’envoient des tomates… Je les mangerai !
Si ça vous a plu, allez voir ce que David a écrit précédemment (ex « Nos séparations »)


30 /08/2010

À propos de « C’est une chose étrange à la fin que le monde » de Jean d’Ormesson

Depuis « Dieu sa vie son œuvre » et plus certainement depuis « La douane de mer » Jean d’Ormesson écrit toujours le même livre… mais jamais de la même façon !
Ou du moins en nous apprenant livre après livre quelque chose de plus, quelque chose de différent, quelque chose de plus pertinent. Et à la fin, car il faut bien le dire, c’est encore passionnant !

Pourquoi ? Parce qu’il nous parle de Nous… de l’infini grand à l’infini petit, de l’infini lointain (les origines de l’Univers) à l’infini dans…le futur… qui aura une finitude !

Et puis entre deux il nous parle du présent, de vous, de moi, de lui. Il nous parle du présent de …maintenant !

Et il nous dit encore une fois que la vie est une chance, il nous dit du Bonheur d’être né et que cette vie est un Bonheur même si elle est remplie pour chacun de son lot de malheurs.

Comme d’habitude c’est rempli d’érudition de culture et de références . Jean d’Ormesson nous apprend, nous fait réfléchir, et par là même nous rend plus conscient et peut-être plus intelligent dans nos manières de nous comporter avec les autres et avec soi-même.

N’importe quel lecteur de presque 7 ans à bien plus de 77 ans comprendra ce qu’écrit Jean d’O tellement il est pédagogue et simple dans le style.

En fait c’est un conteur, et ceux qui veulent en savoir un peu plus iront se référer à leurs dictionnaires préférés.

Jean d’Ormesson est une leçon d’optimisme à lui tout seul.
Il devrait être remboursé par la Sécurité sociale.

A lire en priorité « La douane de mer » puis tous les livres parus ensuite et qui constituent en fait « une œuvre philosophique » à la portée de tous.


30/08/2010

A propos du dernier livre d’Alice Ferney : « Passé sous silence »

Par le sujet choisi elle est exigeante et ne caresse pas les violons du bal dans le sens de l’archet, mais pour qui aime l’histoire elle nous fait réfléchir et remettre bien des choses à leur place en se mettant non pas dans la peau de « John Malkovich » mais dans la tête du Général De Gaulle ( bassement plus petit que sa stature… mais raison d’Etat oblige et la fin justifie les compromissions de l’esprit !) et dans celle de Bastien-Thiry, l’organisateur de l’attentat du Petit-Clamart ( hautement plus grand dans ses intentions et le sens de l’honneur que ce que nous en savons basiquement par les raccourcis historiques et les commentaires de presse de l’époque) .

Alice dissèque, analyse, et remet les évènements les hommes et les motivations sous une autre perspective. L’angle de vue, plus aigu, déchire les convictions qui pouvaient être établies et bouscule les consciences acquises à une certaine vérité des intentions des « héros » .

Elle rend plus grand certain et d’autre plus petit (sans S). Je ne vois plus le Grand homme de la même façon !

Dans cette manière romancée d’un évènement, elle fait oeuvre d’ historienne et d’analyste politique, et comme à chaque fois, avec cette faculté étonnante de se mettre dans la peau des « Autres » ( lire « Les autres ») et notamment des hommes ( lire « Dans la guerre »).

Mais il faut lire TOUT Alice ! Commencez par « La conversation amoureuse ». L’ensemble de ce qu’elle a écrit jusqu’alors commence à ressembler à une oeuvre.

14/07/2010

Le journal de Jules Renard.


Ca peut être le livre de toute une vie tant il est riche de tout … ce qui fait une vie. On ditque dans une vie, il faut avoir lu « Le journal » de Jules Renard.

Je le fais un peu tard mais quel Bonheur… tardif.

On peut en lire deux pages par ci trois pages par là, puis les relire parce que ça mérite souvent deux lectures pour en tirer la substantifique moelle, puis l’oublier pendant quelques jours, le reprendre ; mais on arrive aussi à ne pas décrocher tant on attend la pensée suivante, la sentence qui tue ou l’image poétique vraiment trop belle !

Chaque page recèle des trésors, des pépites, qu’on relit pour en savourer la force la profondeur l’intelligence, et ce qui se cache de plus important derrière la première lecture.

Chaque phrase nous appelle à la réflexion et nous renvoie souvent à nous-mêmes.

Il évoque la vie quotidienne, les petites choses qui nous préoccupent comme les grandes. Il y est question de la vie, de la mort, du temps qui passe, de la ville, de la vie parisienne, du microcosme dans lequel il évolue ( les écrivains, les théâtreux, les expositions) et on croit…y être !

Jules Renard est tour à tour ou en même temps, drôle, léger, grave, ironique, fataliste, humble, orgueilleux. Il est le témoin sans concession de la nature humaine et de ses petits défauts et grands travers pitoyables ou dérisoires. Il est lucide et parfois désespéré de lui-même et des autres.

Il doute de son talent de littérateur, de la vanité de faire une œuvre, de la relativité de sa démarche en « faisant » un journal.

C’est aussi une sorte de « comédie humaine bis » dans laquelle il dépeint les gens et personnalités de l’époque qu’il rencontre, et il nous fait partager l’impression que nous étions avec lui quand il rencontre Toulouse-Lautrec, Lucien Guitry, Tristan Bernard etc..

Il nous invite aussi dans son quotidien, sa famille, sa vie paysanne en nous faisant toujours réfléchir.

C’est aussi un immense poète, sans rimes et sans vers.


Jules Renard a fait de son journal (considéré comme un genre mineur par rapport au roman ou au théâtre) un chef-d’œuvre absolu.

Ça s’appelle de la littérature.


14/01/2010

Du côté des livres :

« Jan Karski » de Yannick Haenel, chez Gallimard, collection  » L’infini « .

En 1942, Jan Karski agent de liaison de la résistance polonaise auprès des alliés, entre clandestinement dans le ghetto de Varsovie grâce à deux hommes. Il lui ait demandé par ces 2 responsables des instances politiques juives et sionistes, de témoigner et de transmettre aux gouvernements alliés (Londres et Washington) qu’Hitler est en train d’exterminer non seulement les juifs polonais, mais des juifs de toute l’Europe.
Fiction ? Non ! Jan Karski est un des grands témoins de cette « histoire là », et notamment grâce à ses entretiens avec Claude Lanzmann dans son film « Shoah ».
Yannick Haenel « raconte » Jan Karski ; cela tient du roman d’espionnage MAIS tout est vrai ! Les alliés savaient depuis le début, pourquoi ont-ils laissé faire ? Les raisons sont cyniques et terrifiantes. Pour savoir, se cultiver, et se souvenir.

« Le cercle littéraire des amateurs d’épluchures de patates » de Mary Ann Shaffer et Annie Barrows, chez Nil.

Une suite de correspondances d’inconnus a-t-elle un intérêt ? OUI ? si vous suivez ces deux auteures ! Elles racontent, en 1946, des faits survenus à Guernesey pendant le conflit 39/45.
Vous ne lâcherez pas Juliet (l’héroïne) et ses correspondants qui sont tous des témoins de ces faits passés. Ca tient de Gavalda pour la façon » de « dire » et d’écrire de vrais dialogues de la « vraie vie ». Pas étonnant qu’elle recommande le bouquin ! Ca tient en haleine du début à la fin, genre Agatha Christie dans ses meilleurs.
Je serais producteur, j’achèterais les droits. Ca ferait un formidable film drôle et émouvant.