Le recueil » Verl’aime » , en hommage à Paul Verlaine , a été édité en mars 2007 aux éditions DIDRO .
Il comprend 74 textes, dont « Mon nom est Personne » une adaptation du roman de Jean d’Ormesson « Dieu, sa vie, son œuvre ». Cette version poétique a été adoubée et publiée avec son autorisation.
Ce recueil est disponible auprès de l’auteur : 20 euros, port compris.
Extraits :
Y vont où ?
( Ne figure dans aucun des 3 recueils ; texte de la peinture « L’ homme de Maliphant »)
Y va où le blanc de la neige quand elle fond ?
Y va où ?
Dans le noir des entrailles et du néant
Faire pousser des fleurs de lys
Quand revient le printemps ?
Quand le corps épuisé demande grâce
Où va-t-elle l’âme
Qu’on dit peser vingt et un grammes ?
La retrouve-t-on si l’on suit sa trace ?
Quand d’autres nous disent avoir le cœur léger
Ca pèse combien les sentiments et l’Amour
Qui parfois nous paraissent si lourds ?
Et elles sont où les voix ?
Quand revient le silence,
Où s’en est allée la voix de Pavarotti dans La Norma
Et celle de Jeff Buckley/Alleluïa ?
Envolées par la fenêtre un soir de nuit d’été ?
Sont-elles entrées dans les murs à jamais
Où dans nos corps pour toujours absorbées ?
Et elle va où la lumière de la chambre ?
Quand on fait le noir sur le bouton
Dans d’incessants voyages
Repart-elle dans une galaxie
Au-delà de Jupiter et Pluton ?
Et y va où le vent ?
Y va où le vent violent
Qui laisse en partant
Les feuilles tranquilles
Et les frondaisons immobiles ?
Mourir tout au bout de la mer
Tout au bout des océans
Dans un grand trou béant ?
Et où s’est caché mon cri primal de bébé ?
Auprès de quelle étoile s’est-il assis,
Dans quelle nuit des temps s’est-il perdu ?
Qui l’a enregistré pour témoigner
Que je fus un instant
Et de l’histoire des hommes
Et un moment d’éternité !
Et y vont où les secrets,
Et y vont où les sentiments
Qu’ont fait tournoyer le cœur et le sang ?
Est-ce qu’ils meurent à jamais
Dans des cratères de vide et de néant…
Comme dans des cimetières les éléphants ?
La grâce (Verl’aime)
Sans que quelqu’un se retournât
Elle se promenait légère et sans hâte
Avançant doucements à pas lents.
Sa peau douce et mate
Ouvrait devant l’espace
Et l’air en s’effaçant
Laissait derrière Elle une essence divine
Comme un parfum de grâce enfantine.
Sur toute sa surface
De blancheur albâtre
On voyait courir sous la peau translucide
Comme de l’eau bleue sous la glace
Des veines dans le marbre.
On aurait dit une héroïne de Stendhal
Le début des fleurs du mal
Et derrière son teint d’aubépine
La beauté supposée d’Anna Karénine.
L’amazone (Verl’aime)
Elle portait des bas Le Bourget
Et le soir décollant vers l’infini
S’ envoyait en l’air
Avec des passagers de la nuit.
Elle avait un caractère fort
Ne faisait pas dans la dentelle.
Sur sa peau blanche
Du cuir des bodys noirs
Des porte-jarretelles
Plutôt Chantal Thomass
Connaissait pas l’ tailleur Chanel.
Elle arpentait les trottoirs des grands boul’vards
En s’occupant quelque part
De la misère des riches des pauvres
Des tout petits et des grands malabars.
Sur sa gorge de satin doux
Elle faisait parfois, dans un moment d’abandon,
Entendre aux meilleurs
Les battements de son cœur.
Certains matins pire que cafard
S’en revenait pleine de bourdon
Le teint blafard.
Voyant au loin son horizon
Les néons blêmes de son hôtel,
Se s’rait tirée au bout du monde
Comme une colombe à tire-d’aile,
Sur l’océan en caravelle.