Réflexions

11/02/10

 

Quelques réflexions sur la peinture en général et conseils en particulier pour ne pas « désespérer » les peintres.

Ce que veulent dire les peintres (par extension, les artistes)

A 95% il n’a rien à dire le peintre, sinon de chercher pour lui la plus grande satisfaction possible *, à rechercher la beauté, à transmettre ses propres émotions à un public, et à assembler des couleurs, qui sur une surface plane et dans un certain ordre établi, peuvent donner : une scène de bataille, un paysage, une femme nue ou… rien de reconnaissable à l’œil nu (Maurice Denis, peintre nabis : citation… inversée de la définition d’un tableau).

Il n’y a rien de plus désopilant, qu’une précieuse ridicule dans un salon de peinture, essayant de trouver un sens caché ou une interprétation à ce qui lui est proposé. Mais à 95% le peintre n’a caché aucun sens, sinon son propre interdit de commenter !

Il recherche un résultat qui sera satisfaisant pour lui en fonction de son expérience et de ses ambitions du moment : progresser, se faire plaisir et/ou le faire partager, vendre ou gagner « de l’argent » !

Attention ces deux notions sont différentes ! On peut faire une distinction à la hache en disant que Vendre est plutôt dévolu aux artistes « professionnels » pour vivre et subsister ; « faire de l’argent » recouvre un aspect mercantile où l’art est secondaire (ex : tableaux à la chaîne de paysages de Provence ou de bord de mer !) ATTENTION : l’un peut aller avec l’autre et l’un n’est pas exclusif de l’autre !

(*Voltaire écrit, « dans le meilleur des mondes… possibles »… dans la citation on oublie toujours « possible » mais, c’est ce mot là qui est capital !)

 

Qu’est-ce qu’un style ?

Je vous propose cette définition :

C’est « une manière de faire » reconnaissable entre toutes, qui identifie son auteur, et/ou qui n’existait pas avant lui (ex : Bernard Buffet, Fernando Bottero en peinture ; Giacometti ou Pompon en sculpture ; Prévert en poésie etc …).

Quand un style devient une réflexion commune du type « on dirait du Buffet » ou ça ressemble à un Bottero » « c’est du Picasso »… musée, gloire, fortune, NIRVANA !

Buffet et Bottero ont réinterprété la représentation de la figure humaine : Buffet avec souvent des personnages décharnés cernés de traits noirs ; Bottero avec des personnages obèses à toute petite tête.

Cela ne suffit pas ! Des foultitudes d’artistes ont un vrai style, une vraie invention, un vrai travail pour aboutir à une œuvre ; ils n’en demeureront pas moins inconnus toute leur vie de « ce monde-ci », et auront peu de chances que cette œuvre soit découverte à titre posthume .

Grâce à ce style ou une vraie invention, ou un vrai travail, vient ensuite l’atteinte d’une notoriété ( locale, nationale, intern…)

– Là interviennent les circuits marchands ou professionnels qui peuvent faire connaître votre travail

– Là interviennent les réseaux !

– Là interviennent les gens que vous connaissez… ou ne connaissez pas ( dans la deuxième hypothèse, ce sera plus dur ! )

– Là interviennent la chance et le hasard

– Là interviennent l’énergie et le temps que vous dépenserez

Par exemple, c’est plus facile quand on connaît Michel Drucker, un galeriste reconnu, ou un patron de presse… ou en étant l’ami de l’ami de… ou de graviter dans la sphère des médias et de la publicité, ou de connaître le réseau d’élus locaux !

J’exagère à peine ! Moins vous connaissez de relais influents (quelles sont les personnes importantes à toucher ? qui je connais et dans quelle sphère d’influence ? ) moins vous avez de chances de multiplier… les chances de vous faire connaître… j’ai pas dit reconnaître !).

Vous voulez du concret ? Un artiste mûr « multidiscipline » se remet à la peinture après un break de 10 à 20 ans… sa femme belle métissée, est premier mannequin dans une grande agence… Il a vendu bien des toiles lors d’une soirée d’un sommet Franco-Africain dans un haut lieu des évènements parisiens (un seul sujet : l’Afrique, des portraits, des paysages ; l’artiste avait du talent, OUF ! ).

 

Les professionnels de la peinture

Il faut distinguer : les marchands d’art et les galeristes ; certains sont les deux.

Le marchand d’art achète des œuvres à un artiste pour les revendre ; il prend des risques, certes calculés, mais il prend des risques ( et si l’artiste dans lequel il investit… ne plaisait pas à son portefeuille de clients/collectionneurs !)

Le galeriste loue ses murs aux artistes (droit d’accrochage). Ensuite que vous vendiez ou non est accessoire ! ou plutôt non, si vous vendez c’est forcément mieux puisque ce galeriste vous prendra, en plus, de 15 à 70% sur votre vente !
Le galeriste ne prend aucun risque.

En effet, le droit d’accrochage, en dehors de toute commission, lui permet au minimum d’assurer ses dépenses professionnelles et ses besoins primaires ( loyer des murs prof et privés ; manger… etc). Le reste sera pour le superflu.

En général, il y a 2 accrochages par mois… avec plusieurs artistes… Imaginez !

Comme dans beaucoup de professions il y a des bons et des moins bons ; là, les « mauvais » constituent un gros bataillons. J’entends par « mauvais » des gens sans culture et sans intérêt pour ce qu’ils font et ce que vous êtes. Ils font ce « commerce » comme ils vendraient des chaussures, des fripes sur un marché, de la viande sur un étal de boucher. Le bruit du tiroir caisse est le plus doux ! L’artiste ? Quel artiste !

Bon, Alain, pas de leçons ni d’indignation moralisatrices… si tout le monde y trouve son compte !


Ne pas désespérer les peintres !

Dans tous les cas l’art reste une émotion, alors parlez avec votre cœur, il vous dira naturellement les choses à dire.

Maintenant que l’on puisse argumenter sur l’emploi et la juxtaposition des couleurs, sur l’épaisseur des couches ou de la matière, de la transparence des glacis ou du choix du sujet et de sa mise en scène…

Dans une exposition, dans un salon de peinture, chez une amie qui peint depuis peu ou longtemps, ne dites jamais :

J’aime bien les couleurs 
– répondez oui parce que si je l’avais fait en noir et blanc il aurait été beaucoup moins gai

C’est joli ce que vous faites
– entendez : je l’accrocherai jamais dans mon salon
– répondez : je suis allé la semaine dernière au salon des artistes de mon village, j’y ai vu aussi un joli dessus de lit fait à la main et au crochet ; joli n’est pas un adjectif qui s’applique à l’art.


Qu’est-ce qu’il est bien encadré

– Entendez : dommage qu’il y ait quelque chose à l’intérieur
– Répondez : la prochaine fois je suivrai votre conseil, je n’exposerai que des cadres, ça fera sûrement « joli » dans votre salon !


C’est sympa (c’est quasiment une insulte ; aller au resto avec des amis, ça c’est sympa !)

– Entendez : ça n’a pas d’intérêt, mais il faut bien dire quelque chose !
– Répondez : mais encore, ça veut dire quoi sympa pour vous ? (en général il va y avoir un silence, car devant une chose sans intérêt il n’y a pas de mots à dire, puisque c’est sans intérêt) ou alors la personne aura son libre arbitre ou des c…. et vous dira selon son éducation… c’est sans intérêt, ou c’est nul, ou c’est nul à c… etc…

La prochaine fois je vous parlerai de l’art contemporain… et moderne (je vous l’avais promis).